La pièce est sombre, silencieuse.
Au centre, sur un piédestal, un couple immobile, assis autour d’une table ronde. Même attitude, jambes croisées, ils se font face, en silence. Leurs silhouettes se découpent dans l’ombre, comme dans une scène du peintre Edward Hopper.
Puis, le tableau s’anime et bascule d’un réalisme froid vers une scène toute en lumière. D’un même mouvement, alors qu’un tube populaire des années 80 retentit, l’homme et la femme se lèvent. D’un geste précis, ils découpent avec une lame le cercle qui leur tenait lieu de plafond, grimpent sur leurs chaises, puis sur la table, se glissent dans la fente dégagée d’où surgit une forte lumière et un flot de rubans couleur corail. Leurs corps enlacés dansent à l’unisson, lentement, bientôt enveloppés par cette matière couleur et ce cercle de lumière, maintenant hors de vue, hors du monde.
Seules leurs élégantes chaussures attestent encore de leur présence ici bas, dans une prison d’amour...
Octobre 2019