Les deux astronautes ont une présence magique, combinaisons blanches, casques couvrants ; leurs visages sont imperceptibles et ils avancent équipés vers leur destinée. Ils sont seuls, sous peu ils seront en orbite autour de la lune.
Quant à la Terre, ils la quittent.
Petit bout de boue sur lequel des tables s’accumulent, ils sont prêts et déploient la plateforme de lancement, un genre de monticule, leur rocher. Ils enveloppent l’étrange sculpture d’une toile belle et brillante, dorée. Cette couverture technique, dite de survie, est étudiée pour chauffer les corps. Ils s’apprêtent à affronter le froid de l’espace.
« … vivre ou survivre … être heureux, malheureux … vivre seul ou même à deux … »
Petit à petit ils s’élèvent, ils entourent, ils s’englobent. Un à un, dans le jardin de la Fabrique, on les observe, sous la lune. La scène se crée, le duo comme dans une croche musicale, une apostrophe, nous euphorise malgré la lecture de cette pensée urgente et simple.
Nous, construisant des structures si fragiles, voulons nous y placer au sommet pour atteindre l’espace lointain, inconnu et noir, sans forme, qui recule à chaque pas. Nous cherchons un nouvel objet lumineux en lequel on pourrait croire. L’artifice qui laisse un temps, suspendu dans l’univers, la permission d’être ensemble et tenter l’ascension.
L’ascension technologique, celle de la pensée, des humains et des objets. Ici, les tables sont un vaisseau, le verre est un arbre, l’eau est changée en bière et la tentation de l’inconnu est une danse.
Les astronautes se délaissent de leur protection. Rhabillés en tenues de soirée noires, costume et paillettes, les pieds sur la terre et dans les airs, on voit sous les éclairages la sculpture et autour, d’autres couples de danseurs se forment au son de Ti amo.
Novembre 2019