Entre espace public, espace quotidien et espace d’exposition, la pratique développée par Alex Chevalier s’inscrit dans un registre pictural hérité des pratiques minimales et conceptuelles dans laquelle le geste, simple et répété, répond à l’ascèse visuelle que cherche l’artiste. Ce dernier trace d’incessantes lignes dont la gestuelle est celle de l’entêtement et de l’absence de motifs ; des lignes qui sont comme autant de résignations et de prise de position. Des lignes engagées dans une perspective qui ouvre vers un horizon si infini qu’elles en perdent la raison pour devenir une poétique ; celle de l’action. Alex Chevalier inscrit et la main-outil répète un geste qui requière l’engagement du corps. Aussi, les règles d’Ignace de Loyola s’appliquent dans chacun des protocoles de dessin que met en place l’artiste : retraite, posture, silence et contemplativité.
Chacune des œuvres que pense et réalise l’artiste sont réalisées sur des supports qui comportent leur propre histoire. Ces derniers, que ce soit dans des installations, des dessins, des peintures, des vidéos, des sculptures, des éditions ou des performances, sont utilisés selon leurs propres caractéristiques et particularités ; l’ocre par exemple, couleur naturelle du bois, apportera de la couleur dans un recouvrement réalisé au graphite alors que le noir d’un papier carbone réfléchi l’espace autour de lui.
De par les positions que l’artiste adopte et les recherches qu’il mène, un hiatus semble se creuser au sein même de sa propre pratique, entre le retrait de la parole d’un côté et l’engagement et la confrontation du corps dans son entièreté de l’autre. Cette position permettrait alors de reconcentrer les intérêts que porte l’artiste pour la peinture et le pictural. Faire fi de la figure et de toutes distractions pour nous rappeler que la peinture est avant tout une question de couleurs et de juxtaposition de “touches” plus ou moins visibles. Aussi, par le recours aux formes primaires qu’adoptent les dessins et sculptures réalisés par l’artiste et par un travail de mise en espace, il semblerait qu’Alex Chevalier nous invite à contempler le silence.
Alex Chevalier, Contempler le silence, 2017