Alex Chevalier

Nyima Leray et Isabelle Henrion, 2017

Alex Chevalier porte une attention particulière à la peinture, au dessin et au langage. Il travaille en lien avec un contexte donné, multipliant dans ses oeuvres les aller-retours entre l’espace public et l’espace de la galerie, monde de l’art et espace intime. Malgré une approche esthétique des supports et des matériaux proche du minimalisme et de la peinture monochrome, son travail est motivé par un indéniable engagement dans le réel.

Réactivée à l’occasion du festival, l’installation intitulée Silence ! est un agencement de matériaux trouvés, fragments de mobiliers, pancartes ou autres résidus en bois abandonnés dans les rues de la ville, que l’artiste est venu recouvrir en partie ou totalement de graphite. Travaillant leur surface pour faire apparaître un subtil jeu de nuances de gris, l’artiste porte notre attention sur leur matérialité et leur histoire. Il se place ainsi de manière concrète au plus près des choses, impliquant le corps dans un dialogue physique avec les matériaux et les formes collectés. Avec des gestes simples et répétitifs, il s’applique à neutraliser les supports comme s’il s’agissait de faire taire le brouhaha extérieur, de mettre au silence l’espace public saturé de signes, de langage et d’écrans, d’en révéler l’inanité et la standardisation. L’insistance du geste et l’aspect paradoxal de cette démarche d’écriture, manifeste à la fois l’urgence et toute la complexité d’une prise de parole artistique qui cherche à rompre le silence et à interagir avec le monde.

Associés dans l’espace de la galerie, les éléments semblent pourtant en suspens, en attente d’un sens, d’un mot d’ordre, d’une confrontation ou d’une quelconque décision d’action collective ou individuelle. Elle nous renvoie à la question de notre propre engagement, ainsi qu’à celle de l’utilisation ambiguë des écrans sous toutes leurs formes qui parsèment notre quotidien : palissades ou bannières, obstacles ou moyens expressions ?

Nyima Leray et Isabelle Henrion, 2017

Texte publié à l’occasion de l’exposition Danse sur le fil, regard terre à terre, Ateliers du Vent, Rennes

Télécharger le texte (pdf)

Autres textes à consulter