Ladislas Combeuil

Julie Crenn, 2015

« Un artiste original ne peut pas copier. Il n’a donc qu’à copier pour être original. »
Jean Cocteau – Le Coq et l’Arlequin, 1918.

 

En revenant et en manipulant l’histoire de la sculpture moderne et contemporaine, Ladislas Combeuil questionne le statut de la sculpture. De Constantin Brancusi à Raphaël Zarka en passant par Donald Judd et Richard Serra, il est à la recherche de nouvelles formes et de nouveaux dispositifs spatiaux.
Ainsi, il travaille les silhouettes des œuvres de ses aînés, non pas en prélevant de la matière, mais en la découpant pour en restituer le dessin. Au moyen de baguettes de bois et de toile de lin, il refaçonne les formes d’Albrecht Durer ou de Frank Stella (Formes en transit). Les éléments du support de la peinture (châssis et toile) sont détournés au profit d’une relecture du volume et de son histoire. Les références servent de base de travail pour produire un dépassement, une traduction.

L’artiste se concentre également sur les motifs ornementaux présents dans l’architecture arabe ou encore les vitraux ou les sols de bâtiments anciens. Les motifs sont décontextualisés et reconsidérés d’un point de vue matériel. Ladislas Combeuil procède à un travail d’ajourage du bois pour faire naître ses Moucharabieh et Claustra. Les panneaux sculptés peuvent être associés pour redessiner l’espace d’exposition en formant un parcours où le regardeur, à la fois caché et visible, se perd dans une profusion de motifs.
Accrochées directement au mur, les œuvres ajoutent une réflexion sur la peinture.

Une réflexion qui traverse sa pratique depuis quelques années. Il construit notamment une paroi en assemblant des dizaines de toiles enchâssées, barbouillées de blanc et retournées. Pensées pour moi-même atteste à la fois d’un hommage et d’un refus de la peinture. Seule la forme subsiste.

Avec un soin particulier accordé aux mathématiques et à la géométrie, l’artiste respecte les notions de symétrie et les questions de proportions de la composition. Une donnée que nous retrouvons avec la pièce Sierpinski (hommage au mathématicien polonais), où, sur le sol, sont disposés des octogones en béton. Ils forment un ensemble à la fois normé et décoratif.

Au fil des œuvres, Ladislas Combeuil installe une confusion entre des dimensions mathématiques, fonctionnelles et ornementales.
En prélevant dans différents domaines, il ouvre les formes de la sculpture pour en prolonger et réactualiser l’histoire.

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