Tout saisir par son contraire, dévoiler le négatif en retrait d’une image, assécher celle-ci jusqu’à ce qu’il n’en reste que l’os du cadre. Tel serait le propos de l’œuvre de Ladislas Combeuil si ce parti pris n’était lui-même soumis à l’histoire de la peinture, de la sculpture voire de l’architecture.
Par effet de boomerang, la peinture invoquée rebondit alors sur autre chose, sur des signes, les incidences de l’histoire de l’art et de ses impensés qui eux-mêmes dérivent d’autres pratiques pour lesquelles l’artiste interprète d’audacieuses variations.
Si Ladislas Combeuil, dès sa sortie de l’Ecole des Beaux-Arts d’Angers en 2015, déconstruit de façon magistrale la peinture, ce n’est pas pour exhiber sa structure ou son inconscient comme l’aurait fait Supports-Surfaces mais plutôt dans l’idée de repérer, dans d’autres temps et d’autres champs, des volumes neutres qui prennent forme. La peinture devient ainsi en elle-même ce lieu qui se charge de l’apport du temps et qui, avec lui, se transforme, prend du relief et redéfinit un espace.
Le fil conducteur de l’exposition sera donc bien, en creux, la peinture. Celle-ci disparaît pourtant dans le fil des volumes pensés autrefois par Dürer, puis par Giacometti et Tony Smith. Chacun d’eux s’inspire d’un objet poli, anguleux, indéfini et parfois en désaccord avec leur travail habituel. Ces œuvres demeurent des hypothèses comme hésitantes quant à la validité de ce que peinture ou sculpture pourraient définir.
Cette hésitation Ladislas Combeuil l’exprime par son contraire, dans la solidité des pièces exposées, les châssis qui s’imposent, l’envers des toiles nues en guise d’élaboration spatiale. Un dispositif qui aurait pu évoquer la fresque ou le bas-relief mais duquel surgit toujours d’autres mémoires comme si l’artiste traquait, au delà de la forme, de la couleur et de l’espace, l’essence même de la peinture et que celle-ci se localisait dans un ailleurs toujours renouvelé.
Celle-ci est donc bien un lieu. Indéterminé, il localise les éléments de la progression d’une histoire comme ceux d’une incertitude. Qu’en est-il de l’art, de ce qu’il donne à voir et de ce qu’il cache, ou bien de ce qu’on ne perçoit pas ?
Ladislas Combeuil, non sans poésie et humour, dépeint la peinture à coup de ciseaux à bois ; il joue de l’illusion et d’un idéal impossible en créant des pièces parfaitement structurées dans un espace pensé et maîtrisé. Il doute de la validité de la couleur. Il fouille les racines de l’art et étale, sur le sol ou les murs, les reliquats de ses découvertes et le murmure du temps.