« Silhouettes mimétiques »

Christophe le Gac, 2016

Pour sa première exposition personnelle, Ladislas Combeuil investit tous les espaces de Silicone. L’artiste, sorti des Beaux-arts d’Angers en 2015, profite de cette invitation pour produire de nouvelles pièces et reconfigurer de plus anciennes.

Depuis, entre autres, Citadelle, une imposante sculpture composée d’un ensemble déstructuré de volumes architectoniques façonnés en bois, agrafes et toiles, de dimensions variables et recouverts d’un blanc acrylique, le travail de Ladislas Combeuil oscille entre peinture et sculpture.

Dans l’exposition bordelaise, il met à profit ses expériences en la matière. L’entrée des visiteurs est perturbée par une sorte de labyrinthe constitué d’une multitude de châssis entoilés. Son nom, Pensées pour moi-même 2, évoque le travail d’un Richard Jackson et défie les lois de la traduction picturale. Une fois passé l’obstacle, l’amateur d’art se verra confronté à plusieurs panneaux de contreplaqué sculpté redessinant l’espace. Claustra évoque les séjours de l’artiste en Inde et sa passion pour la scie sauteuse et les abrasifs. A l’image de ses mains après de longues heures de travail, les supports ne sont pas lisses mais pleins d’aspérités.

Toujours à la limite de la destruction, certains classiques de la sculpture moderne et contemporaine sont jetés en vrac le long du mur. Grises, confectionnées avec les matériaux de prédilection de l’artiste, elles rendent hommage au corpus d’œuvres avec lequel il a fait ses armes. En même temps le « mal fait » volontaire de ces volumes, la neutralité grisâtre de leur surface et leur installation foutraque dans l’espace montrent sa volonté de dépasser cet héritage. Tout au moins il essaie de les démystifier.

Une nouvelle proposition, Studiolo, est constituée d’un faux plafond et de copeaux de contreplaqué posés au sol. Cet ensemble accentue la confusion recherchée par l’artiste, entre peinture, sculpture et architecture.
D’autres surprises, placées ici ou là dans les différents espaces de Silicone, viennent rythmer l’exposition.

Manifestement, Ladislas Combeuil dépasse les dualités sculpture/peinture, volume/surface, forme/concept. Fil conducteur depuis ses débuts, l’opposition entre l’art conceptuel et le « fait main » n’aurait plus lieu d’être étant donné sa dissolution postmoderne, moderne, postinternet, enfin comme vous voulez (rire !). Pleines de distance et de savoir-faire, les œuvres de Ladislas Combeuil interrogent l’histoire de l’art, le labeur de l’artiste dans son atelier, son statut d’artiste, le tout enrobé d’une indéniable ironie et de beaucoup d’humour.

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