Dans son atelier, Ladislas Combeuil alterne les sessions de sculpture, physiquement exigeantes, et les travaux sur papier et toile, qui lui permettent de reprendre son souffle {note}1. Mais son matériau de prédilection reste le contreplaqué qu’il travaille essentiellement en taille directe, par retraits successifs de matière. Cette gestualité implique une part d’aléas qu’il revendique, déjoue les savoir-faire de l’artisan, du menuisier et tend vers une sorte de lâcher prise, une forme de laisser aller dans ses découpes. Des dérapages et des imprévus résultent de son corps-à-corps avec le support et l’amènent à composer avec les différentes couches qui se manifestent au fur et à mesure des coups de ciseau à bois. Des failles apparaissent, des passages de lumière et une musicalité se perçoivent. Les textures invitent à plonger le regard dans les interstices de la matière, comme on observerait les profondeurs du sol. Elles évoquent aussi des paysages et peuvent faire songer aux phénomènes d’érosion.
Sa série Sur les cimes (2021), par exemple, incite le la spectateur rice à un cheminement, à suivre les découpes, celles de possibles crêtes de montagnes. D’où surgissent des souvenirs d’expériences physiques de ces paysages. Les sciures de bois, les résidus deviennent à leur tour matières, fragments, des traces de ce qui reste de travaux de construction (exposition La padane (2023) à la Maison Louis David d’Andernos-les-Bains) : des tentatives de préserver les multiples transformations du contreplaqué.
Ce matériau de choix auquel il associe parfois un travail pictural et dont il joue à l’infini lui permet d’investir différents espaces aussi bien intérieurs qu’extérieurs. Il s’agit là pour Ladislas Combeuil de redéfinir des lieux, rendre visibles leurs particularités et dessiner de nouvelles circulations. Il propose alors auAurore, 2021). Certains de ses projets révèlent la mémoire de bâtis et jouent subtilement avec les traces, témoins d’usages et de passages (exposition Les âmes flottantes (2022) dans la Chapelle Jeanne d’arc, centre d’art contemporain de Thouars). Des présences fantomatiques semblent surgir dans son installation Forum, réalisée à la linogravure sur bois (présentée dans le centre d’art La Chapelle St-Jacques de Villefranche-de-Rouergue en 2023).
à la spectateur rice de prendre le temps de déambuler dans l’espace de s’arrêter, de contempler, de rêver, de s’attarder sur des détails architecturaux sollicitant sa curiosité (Ses œuvres intègrent des formes géométriques, des motifs ornementaux qui rappellent les claustras, les moucharabiehs, des éléments architecturaux qui apparaissent au XIIIe siècle et que l’on retrouve dans différentes aires géographiques en Egypte, en Inde, au Maroc et en Andalousie par exemple. À notre cheminement dans ses installations in situ se superpose un voyage mental dans le temps.
L’expérience du geste, la mémoire des lieux, les strates présentes dans ses œuvres, les références à l’histoire de l’art et de l’architecture ainsi que la déambulation et la contemplation : telles sont les différentes temporalités à l’œuvre dans les travaux de Ladislas Combeuil.
1Ces travaux seront documentés ultérieurement