Balkans

Aurélie Faure, 2014

Radmila Dapic Jovandic présente ‘Balkans’. Cette exposition personnelle à la galerie Artset est composée d’œuvres inédites, réalisées en papier. Le médium est utilisé par l’artiste tel une pâte à partir de laquelle de nombreuses recettes vont s’offrir à vous.

Plié, froissé, peint, gravé, cousu, collé, déchiré, suspendu, épinglé, le papier devient un langage. La composition graphique et plastique laisse place à la sculpture et à la narration.

Le thème des Balkans est ici abordé à travers la mémoire. Des Kimonos hantent l’exposition : ces sombres habits sont suspendus ou abandonnées et nous interrogent sur l’histoire de ceux qui les portaient.
Les suspensions de papiers retracent l’histoire de terres disparues où des hommes avaient bâti leurs désirs ; elles apparaissent comme les cartographies d’une culture.

Arrivée en France, le foyer et l’échange deviennent une problématique centrale de l’artiste : la suite se passe donc en cuisine ! La Chambre des Balkans est une installation représentant les étapes de préparation du plat traditionnel : la Yufka. Symbole de rassemblement et de convivialité, la Yufka se trouve dans toutes les maisons, commerces, et coins de rue des Balkans. Radmila reproduit les gestes quotidiens qui entretiennent le souvenir de ses racines désormais éparses. Le papier devient alors une pâte travaillée et représentée ici dans tous ces états.

Les œuvres sont modulables et malléables, soit adaptables aux territoires imaginés par l’artiste. Certains papiers suspendus sont posés délicatement tel du linge de maison, signe de vie du foyer. D’autres comportent de petits bateaux indiquant une lueur d’espoir malgré le chaos d’un naufrage. Ou encore, des bouts de papiers déchirés sont assemblés tel un calendrier de l’avant et vous proposent un monde merveilleux construit de citations d’auteurs - emblématiques de diverses cultures - délivrant une mixité de la pensée.

L’idée de superposition des mondes et des langages se retrouve dans cette série de gravures où les formes se brouillent et semblent composer un mystérieux nouvel alphabet.

Contes et courtes nouvelles se dessinent au gré d’indices subtils et poétiques, et déplacent notre perception. S’opère alors une série de révélations d’une culture, liées au langage : significations, nuances, codes, imaginaire collectif... L’artiste nous montre ici que le langage est la représentation d’une culture, peu importe sa forme. Les œuvres nous guident et nous transmettent une nouvelle grille de lecture.

 

Galerie Artset, Limoges, 2014

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