PRINTEMPS

PRINTEMPS, exposition au Palais épiscopal, Musée de Béziers, 2020
présentation de trois installations de Julie Chaffort : Vucijak, 2020, Printemps, 2020 et Konj, 2020
 
Vue de l’installation Printemps (2020)
projection de la vidéo Printemps  sur écran en rétroprojection
ossature bois, 8 x 4,50 mètres, 200 m2 de pelouse
bois, matières végétales et organiques
crédits photographiques : Élise Ortiou-Campion

 

Symbole de liberté, annonciateur de l’Apocalypse ou noble monture, le cheval fascine. Qu’aurait-il à nous dire aujourd’hui des hommes et de leur folie ? L’artiste-vidéaste Julie Chaffort en fait le protagoniste de son exposition Printemps dans l’ancien tribunal de Béziers. Un témoin éclairé qui observe ses « maîtres », sans autre jugement que sa présence silencieuse. 

« Tribunal de Grande Instance » : le panonceau sur le fronton du futur haut-lieu des Musées de la Ville de Béziers n’inspire pas confiance. Qu’il soit désaffecté et rebaptisé « Palais Épiscopal » en référence à la fonction première de ce bâtiment historique qui jouxte la cathédrale n’y change rien : un palais de justice, on n’y entre jamais de gaîté de cœur. Mais un chant d’oiseaux nous tire de ces pensées de mauvais augures, à peine franchi le seuil. Une odeur d’humus prend les narines, nous guidant à travers la semi-obscurité des lieux. L’herbe a envahi le sol de la salle des pas-perdus, des troncs gisent devant une grande cheminée en marbre. Comme tombé du ciel, un immense écran barre l’espace, ouvrant sur une forêt verdoyante un jour de pluie. Une langue de brume s’insinue lentement dans l’image et s’enroule autour des arbres. Des silhouettes humaines la traversent, paisibles malgré les flammes qui lèchent leurs vêtements. Ces âmes errantes fuient-elles quelque catastrophe urbaine ou font-elles partie du bestiaire de créatures merveilleuses peuplant les forêts ? Sont-elles des messagers de l’Apocalypse ou des martyrs, après un geste ultime de protestation ? Le cheval qui les observe sans broncher, tapis dans les fougères, se contente de renforcer l’inquiétante tranquillité de la scène sans donner de réponse. Julie Chaffort connaît bien ce sentiment, pour avoir tourné dans les forêts nombre de ses vidéos, la figure animale y étant quasi omniprésente. Pour l’artiste, le cheval est le « témoin privilégié de quelque chose que l’on arrive plus à percevoir en tant qu’humain ». Un témoin qui s’avère le protagoniste de son exposition, un leitmotiv dans une partition tragi-comique nous menant d’un univers « intemporel » et obscur propre aux contes à celui, désenchanté, d’un manège de jouets en plastique exposés en pleine lumière. Dans un mouvement à contre-courant, plus on avance vers la clarté, plus on glisse dans une folie latente. 

Orianne Hidalgo-Laurier, « PRINTEMPS » (extrait), 2020

 

Konj, 2020
vues de l’exposition PRINTEMPS, Palais épiscopal, Musée de Béziers, 2020
crédits photographiques : Élise Ortiou-Campion

 

Vucijak, 2020
4 écrans suspendus, 2,50 x 1,80 mètres
vues de l’exposition PRINTEMPS, Palais épiscopal, Musée de Béziers, 2020
crédits photographiques : Élise Ortiou-Campion

 

Printemps, 2020
vues de l’exposition PRINTEMPS, Palais épiscopal, Musée de Béziers, 2020
crédits photographiques : Élise Ortiou-Campion

 

© Adagp, Paris