Every day / Everyday

Charlène K. Lau, 2014

Qu’il soit adjectif ou substantif, le mot « quotidien » (every day/everyday) invite à une réflexion sur les tâches et les procédés journaliers, sur le domestique et le vernaculaire ou sur la notion de chez-soi.
Toutes ces facettes se reflètent dans le travail des artistes qui ont participé au programme de résidence d’Est-Nord-Est à l’été 2014.

Marie Sirgue s’amuse à altérer la perception des articles quotidiens dans sa pratique, ce qui l’amène à remodeler des objets domestiques usuels de manière surprenante. La spécificité du site joue également un rôle central dans sa pratique. Dans l’œuvre présentée à Est-Nord-Est, elle s’intéresse à la tradition locale de la sculpture de souvenirs sur bois, d’abord dans le rôle du touriste, puis de l’artisan. Les expérimentations de Sirgue ont porté sur l’utilisation du tour, et l’ont amenée à modifier des sculptures en bois déjà réalisées pour le marché touristique. Dans l’œuvre intitulée Appeau, un canard jouet de bois est tranché méticuleusement, comme pour un repas ; incapable d’accomplir sa fonction originale, il doit désormais finir ses jours en tant qu’œuvre d’art immobile. Absurde et irrévérencieuse, cette transformation prend une allure duchampienne.

Dans Designs Plus, des copeaux de différentes essences de bois rejetés par le tour sont recyclés en boucles et en rubans cadeaux, attachés à des emballages commerciaux de façon à rehausser l’effet trompe-l’œil. Il en ressort une tension entre l’artisanat et la production de masse ; peut-être aussi un clin d’œil aux nombreuses « boutiques » de sculptures qui bordent la route de Saint-Jean-Port-Joli.

Enfin, la pièce Les flotteurs aborde le patrimoine portuaire de Saint-Jean-Port-Joli ; Sirgue a façonné au tour des bouées miniatures à partir de crayons à colorier. Leur côté joujou fait ressortir l’aspect ludique que l’on trouve constamment dans son travail, où elle appuie tour à tour sur le divertissement, l’amusement ou encore la « plaisanterie ». Ce faisant, elle détourne l’idée du travail dans son sens traditionnel de labeur.

 

Texte produit dans le cadre de la résidence Est-Nord-Est, Mémento, 2014.

traduit de l’anglais par Nathalie de Blois

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