Subtile et éclairée, l’œuvre sculpturale de Jacques Vieille repose sur la tension dialectique qui oppose et unit dans le même temps nature et culture, art et artefact, mythe et architecture. Se désignant comme « architecte, paysagiste, horticulteur et décorateur », l’artiste met en exergue les sources historiques, géographiques et architecturales des territoires qu’il investit, au travers d’installations complexes, souvent monumentales, reposant sur l’accumulation, l’empilement ou la composition d’éléments rigoureusement sélectionnés, et dont le langage s’appuie sur une taxinomie préétablie : Colonnes, Jardins, Artifices, Mythes et Architecture. La colonne, végétale ou architectonique, constituante selon l’artiste du « vivant pilier », est le marqueur central de ce jeu d’hybridation entre éléments urbains et naturels, produits manufacturés et cultures hors-sol, matières brutes et artificielles, objets fabriqués et espèces végétales, opérant des rimes et des dissonances formelles inattendues, tout à la fois poétiques et malicieuses, constats du regard distancié et amusé que le sculpteur porte sur le paysage contemporain. Parallèlement, Jacques Vieille extrait de ses propres installations ou de gravures anciennes des motifs, des fragments de plans urbanistiques et des détails architecturaux qu’il reproduit isolément sur des papiers peints ou de grands panneaux transparents à destination murale, des sculptures autonomes et des objets décoratifs relevant du savoir-faire artisanal (Console, 2011). Une relecture savante et majestueuse des styles architecturaux et décoratifs à travers les siècles.