Découvrir le texte de Gunther Ludwig, Embrasser la dérive
Les roches anti-stationnement parsèment la ville. À l’antithèse des cailloux semés pour retrouver son chemin, ces roches cloisonnent les espaces publics afin d’empêcher les véhicules de stationner sur certains emplacements, tout en laissant l’accès aux piétons. Lors d’une excursion dans le quartier des Minguettes, à Venissieux, j’ai aperçu plusieurs ensemble de roches collées les unes aux autres. Les roches n’étaient pas placées à des endroits accessibles aux véhicules mais venaient couper brutalement les espaces verts entre chaque tour d’habitation. Leur disposition ne laisse donc pas de doute quand au but associé à leur fonction.
SAD/sad comme les pierres est une installation qui se compose de dessins de roches format 1/1 au fusain. Ces roches, décontextualisées de leurs espaces respectifs, prennent l’allure de petites montagnes à gravir. Le dessin au fusain fige ces figures d’autorité de manière classique, intangible, comme sorte de représentation du maintient de l’ordre urbain poussé à l’extrême.
Faisant front, un tas de pavés en granit (de la même matière et du même poids qu’une roche anti-stationnement) attend. Ce tas de pierre vient convoquer notre imaginaire collectif, notamment celui des jets de pavés lors des contestations sociales de mai 1968.
« Sous les pavés, la plage », derrière les systèmes anti-dépassement, le droit à la réappropriation des villes par ses habitants.
Lidia Lelong
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© Adagp, Paris