SAD/sad comme les pierres

SAD/sad comme les pierres, (Système Anti-Dépassement / système d’auto-défense), 2023
Installation, 10 dessins au fusain sur papier aquarelle 200g, 75 x 105 cm chaque, tas de 240 pavés (11 x 9 x 5 cm) de granit gris (3m², 321 kg)
Œuvre produite dans le cadre de la résidence du Centre d’art Madeleine Lambert, Vénissieux, avril-mai 2023
Vue de l’installation de fin de résidence Embrasser la dérive (2023)
Crédit photographique : Blaise Adilon

 

Découvrir le texte de Gunther Ludwig, Embrasser la dérive

 

Les roches anti-stationnement parsèment la ville. À l’antithèse des cailloux semés pour retrouver son chemin, ces roches cloisonnent les espaces publics afin d’empêcher les véhicules de stationner sur certains emplacements, tout en laissant l’accès aux piétons. Lors d’une excursion dans le quartier des Minguettes, à Venissieux, j’ai aperçu plusieurs ensemble de roches collées les unes aux autres. Les roches n’étaient pas placées à des endroits accessibles aux véhicules mais venaient couper brutalement les espaces verts entre chaque tour d’habitation. Leur disposition ne laisse donc pas de doute quand au but associé à leur fonction.

SAD/sad comme les pierres est une installation qui se compose de dessins de roches format 1/1 au fusain. Ces roches, décontextualisées de leurs espaces respectifs, prennent l’allure de petites montagnes à gravir. Le dessin au fusain fige ces figures d’autorité de manière classique, intangible, comme sorte de représentation du maintient de l’ordre urbain poussé à l’extrême. Faisant front, un tas de pavés en granit (de la même matière et du même poids qu’une roche anti-stationnement) attend. Ce tas de pierre vient convoquer notre imaginaire collectif, notamment celui des jets de pavés lors des contestations sociales de mai 1968.
« Sous les pavés, la plage », derrière les systèmes anti-dépassement, le droit à la réappropriation des villes par ses habitants.

Lidia Lelong

 

  • Crédit photographique : Blaise Adilon
  • Crédit photographique : Lidia Lelong
  • Crédit photographique : Lidia Lelong

Détails

 

© Adagp, Paris