Découvrir le texte de Gunther Ludwig, Embrasser la dérive
Sans cesse reprend le motif de l’horloge combiné à celui du cadran solaire. La forme, douze fois identique, reprend celle d’un immeuble photographié à Vénissieux. Vénissieux, comme de nombreuses villes en périphérie de grosses métropoles, est en changement permanent, que ce soit dans l’urbanisme, les usages ou encore l’architecture.
Chaque forme en bois peint qui compose ce cadran sans aiguilles, est marquée par l’ombre du soleil du mois d’avril. L’ombre est reportée minutieusement, heure par heure, en fonction de la direction du soleil, pour former une journée complète. Les ombres ne sont pas dessinées par un ajout de matière, mais par le dépôt de suie laissé par le brûlage du bois.
Sans cesse, comme son nom l’indique, met en exergue la répétition d’un modèle architectural répétitif dans le temps. La démolition et la reconstruction des immeubles de la ville ont été foisonnantes ces vingt dernières années. Programmée, leur « chute » est pensée. Elle est intrinsèque au processus même de leur construction.
Le centre de la pièce, qui devrait contenir le mécanisme des aiguilles, est ici remplacé par un morceau de bâtiment glané. Sorte de relique d’un présent, elle deviendra à long terme, un morceau de mémoire du lieu disparu.
Lidia Lelong
© Adagp, Paris
Crédits photographiques : Blaise Adilon