Nina Laisné développe depuis plusieurs années un univers singulier dans lequel l’image a une place privilégiée. Que ce soit dans ses photographies ou dans ses réalisations filmées, l’artiste ne se cantonne pas à un langage. Ses œuvres, construites avec minutie, sont l’endroit où la latence et le temps de la contemplation prennent tout leur sens. Dans ses premières photographies, au-delà des acteurs qu’elle dirige avec précision et des décors justes c’est bien le moment de grâce d’un instant suspendu, cet interstice marqué d’incertitudes qui intéresse l’artiste. Elle pose déjà ici les marqueurs du travail à venir.
Empreintes d’étrangeté ses œuvres prennent corps et se déploient en dialogue avec d’autres medium comme le cinéma et la musique mais aussi à travers des éléments historiques et sociologiques, l’art, les traditions populaires, la mode, le cabaret et l’opéra. Ce sont ces va-et-vient, plus ou moins visibles, mais aussi l’importance de la culture hispanophone qui font des recherches artistiques de Nina Laisné un ensemble riche et délicieusement inclassable.
Musicienne et cinéphile, l’artiste constitue donc son univers plastique avec les vocables du septième art et du spectacle, crée des dialogues avec le son plutôt qu’avec le verbe. Les œuvres récentes jouent également de cette interpénétration et cristallisent ce glissement d’un genre à l’autre, d’une réalité plébéienne à la fiction ou l’inverse.