L’air des infortunés

Teaser de la vidéo

 

Captures d’écran du film

 

Œuvre hybride où convergent les langages du cinéma, de l’opéra et des musiques anciennes, L’air des infortunés s’inscrit dans la continuité d’une réflexion sur l’imposture et le faux. Deuxième pièce d’une oeuvre dont le point de départ est la réplique falsifiée du mécanisme de La joueuse de tympanon, ce court-métrage convoque l’histoire de Karl Wilhelm Naundorff, horloger controversé pour avoir usurpé l’identité de Louis XVII, Dauphin de France. Le film reconstitue une scène de procès, dans laquelle la pièce à conviction est la contrefaçon du mécanisme de l’automate, et propose une narration fantasmée se nourrissant des zones de flou de l’Histoire. Son scénario renvoie aux preuves manipulées par Naundorff pour s’assurer le soutien des royalistes, et aux nombreux souvenirs d’enfance convoqués par celui-ci devant les tribunaux. La berceuse de Berquin, chantée par le protagoniste, tisse un lien mystérieux entre l’automate et le prétendu fils de Marie-Antoinette.

La vidéo emprunte la forme d’un film d’époque, avant de basculer progressivement dans les codes de la scène lyrique, l’accusé passant d’une adresse aux magistrats à un public absent, jusqu’à l’amorce d’un lent travelling arrière qui dévoile le plateau de tournage. Le retour soudain de la fiction, avec l’entrée inattendue d’une émeute, rappelle les violentes heures de la Révolution qui vit tomber la supposée famille de l’accusé. Ces allers-retours entre passé et présent dessinent une boucle temporelle où la frontière entre réalité et fiction tend à s’effacer.

 

Extrait du livret de l’exposition L’air des infortunés (2019), Frac Franche-Comté, Besançon