Dans l’angle d’une salle, une cimaise s’effrite et ouvre une trouée dans l’espace d’exposition. Une large brèche qui laisse apparaître partiellement une toile peinte que l’on suppose très ancienne. L’esthétique de cette peinture évoque les fastueux portraits du dix-neuvième. On y découvre un chien assis dans une semi-pénombre. Derrière lui, pris dans l’obscurité de la pièce, on distingue les jambes croisées d’un personnage difficilement identifiable. Le chien tient dans sa gueule une page de manuscrit enflammé aux deux extrémités. Cet animal que l’on retrouve dans de nombreux tableaux historiques pour le symbole de fidélité et de bienveillance qu’il incarne, se révèle être ici la première incarnation de Méphistophélès. Ce chien qui dans l’œuvre de Goethe marche dans les pas de Faust jusqu’à son cabinet d’étude, avant de dévoiler sa véritable identité et lui faire signer le pacte qui causera sa perte.
L’installation Fausts Wächter invite une présence canine dans l’exposition, semblant surgir du passé. Depuis l’obscurité de sa niche, il veille sur les œuvres autant qu’il se tient à l’affût des âmes trop assoiffées de connaissance.
Nina Laisné
Crédits photographiques : Nina Laisné