Frédérique Bretin s’inscrit dans une démarche minimaliste. Au travers d’une recherche menée sur la perception des objets, des formes et sur leur rapport à l’espace, elle questionne la photographie en expérimentant notamment dans les séries Surface 1, 2 et 3, les limites de la visibilité au-delà desquelles une photographie ne pourrait plus être nommée photographie.
Qu’elle opère par des flous de bouger dus à son déplacement ou par occultation naturelle d’une partie de ce qu’elle photographie, Frédérique révèle l’espace environnant par une représentation minimale. En marge de tout discours sur le paysage, certaines de ses images présentent des espaces ou objets décontextualisés (Mutation - Littoral). Les paysages photographiques qu’elle nous donne à voir - parfois limités à une surface horizontale en bas d’image - loin d’être circonscrits à un lieu identifiable, à une représentation de la réalité, se présentent comme des objets photographiques.
Les titres de ses séries : Surface, Hors-champ, Des lieux, Mutation, Dispositions, participent eux-mêmes de cette décontextualisation en occultant tout aspect référentiel à la réalité photographiée. Quels que soient les formats de ses images dont la figure humaine est toujours absente, Frédérique privilégie un point de vue frontal qui donnerait à penser que sa photographie s’apparente au style documentaire.
Dans la série Des lieux, dont le titre même banalise l’objet ou sujet photographié, elle revisite les « hauts lieux de la résistance », préférant à un usage mnémonique de ses images, une utilisation anti mémorielle de la photographie, laissant ici au texte, la fonction référentielle à l’événement, à l’Histoire. Jouant des notions de vide et de plein, elle explore par et dans l’image, les espaces et leur agencement, expression de l’activité de l’homme ou organisation naturelle des formes.
Aux objets organisés dans l’espace - en milieu rural et en bordure de littoral, Frédérique ajoute dans ses photographies un supplément d’organisation proprement photographique, comme pour souligner encore davantage les éléments du décor des activités humaines.