2011-2012
Série de 35 photographies, édition de 7 exemplaires + 2 EA
Photographies numériques, APN hybride
Tirages jet d’encre contrecollé sur dibond à bords francs, châssis au dos, 60 x 80 cm
Dispositif d’exposition
Tirages photographiques présentés sans cartels
Index factuel mis à disposition et précisant pour chaque photographie la mention :
de l’événement, du lieu et de la date.
Montage audio réalisé à partir de témoignages collectés auprès de 89 résistants.es., 10 min. 05
Des lieux répond à une commande des archives départementales de la Dordogne concernant les conditions de la résistance au nazisme durant la Seconde Guerre mondiale dans ce département.
J’ai choisi d’observer cette situation au regard des paysages d’aujourd’hui. J’ai ainsi pris le parti de porter mon attention sur l’absence de traces visibles des événements de l’Histoire dans le paysage. Pour cela, j’ai procédé au recensement d’un corpus de lieux sur le territoire de la Dordogne. L’intention était de prendre la mesure de l’étendue géographique des événements et, de répertorier les différents types de situations auxquelles furent confrontés populations et résistants.
Ce projet s’est élaboré à partir de consultations d’archives et de l’écoute de témoignages de résistants et de résistantes collectés par les archives départementales de la Dordogne entre 2009 et 2011. Ces ressources documentaires associées à l’ expérience des lieux a rendu perceptible la résonance de ces espaces avec leur contexte historique. Marqués par le passé, traversés au présent, ces paysages sont aujourd’hui les dépositaires en creux de l’Histoire. Parce qu’ils contiennent l’absence de traces visibles, Ils nous mentionnent l’action du temps qui reconstruit et recouvre. Afin de provoquer une résurgence du passé vers le présent, j’ai choisi de mettre en tension pour chaque espace répertorié des informations factuelles avec une photographie qui ne comportait aucune trace visible de l’événement. J’ai souhaité voir agir cette mise en tension comme un activateur de la pensée, comme un moyen de questionner ce que l’on ne voit pas, d’ interroger tant l’enfouissement de la mémoire que la fragilité d’une pensée vigilante. Aujourd’hui, tout comme hier à la veille de ces événements noirs de l’histoire, ces lieux sont paisibles et familièrement ordinaires.
Frédérique Bretin
Textes complémentaires :
Martial Faucon, « Monter ce que l’on ne voit pas ! », 2014
Journaliste et ancien combattant volontaire de la Résistance
Nicolas Cournil, « Une collecte de la Mémoire », 2012
Anthropologue et chargé de mission Résistance et devoir de mémoire aux archives départementales de la Dordogne
Index factuel.
13 décembre 1943, Périgueux, Dordogne centre, ateliers SNCF, sabotage par la Résistance d’une grue de levage de 50 tonnes destinée à la réparation des trains.
8 juin 1944, Roufillac-de-Carlux, Dordogne sud, représailles suite à une embuscade de la résistance contre la division SS Das Reich, maisons incendiées, 13 habitants fusillés jetés aux flammes.
17 janvier - 30 décembre 1940, Fanlac, lieu dit Le Sablou, Dordogne centre est, camp d’internement des indésirables français.
1943 - août 1944, Eyliac, lieu-dit la Raffinie, Dordogne centre, hébergement clandestin d’une famille juive.
16 août 1944, La Roquette, Dordogne centre, attaque du camp Mercedes, 9 résistants torturés, tractés avec des cordes puis fusillés.
16 août 1944, La Roquette, Dordogne centre, attaque du maquis Mercedes par l’occupant, 1 résistant caché dans le ruisseau, fusillé.
1943 - 17 août 1944, Périgueux, Dordogne centre, ancienne caserne du 35e RA, lieu de détention de la Gestapo : résistants, raflés, Juifs.
17 août 1944, Périgueux, Dordogne centre, mur des fusillés, ancienne caserne du 35e RA, 45 fusillés : résistants, raflés, Juifs.
Septembre 1943, La Coquille, Dordogne nord, arrestation à son domicile de Dolet Blanchou, chef de la résistance, mort en déportation au camp de Buchenwald en février 1944.
30 mars 1944, La Bachellerie, lieu-dit la Genèbre, Dordogne centre, 10 fusillés, 4 autres fusillés dans le secteur, 33 femmes et enfants déportés à Auschwitz- Birkenau, 4 survivantes.
6 août 1944, Saint-Etienne-de-Puycorbier, lieu-dit Virolles, Dordogne ouest, attaque du maquis, 15 heures de combat, échec de l’occupant.
4 mars 1944, Sainte-Marie-de-Chignac, lieu-dit Capelot, Dordogne centre, embuscade contre l’occupant, 2 résistants tués et mutilés, 1 blessé, 1 déporté.
23 janvier et 18 mars 1944, Mussidan, Dordogne ouest, sabotage du pont de chemin de fer. 11 juin 1944, attaque d’un train de protection des voies, 52 otages raflés fusillés en représailles.
16 février 1944, Payzac, moulin du Pont-Lasveyras, Dordogne nord, maquis Violette attaqué par l’occupant, 34 fusillés, 13 déportés dont 3 survivants.
30 mars 1944, Fanlac, lieu-dit l’Espicerie, Dordogne est, école des cadres des Francs-tireurs et partisans français incendiée par la division Brehmer.
Juin 1943, Courbefy, Forêt de Vieillecour, frontière Dordogne nord et Haute Vienne maquis attaqué par l’occupant.
1943 - août 1944, Veyrignac, lieu-dit les Imbarts, Dordogne sud, maquis du groupe Bernard.
27 juillet 1944, Saint-Etienne-de-Puycorbier, lieu-dit Virolles, Dordogne ouest, fosse commune de 28 résistants morts au combat.
30 mars 1944, Nadaillac, lieu-dit la Forêt, Dordogne est, maquis attaqué et incendié par la division Brehmer.
7 juin 1944, Sainte-Mondane, Dordogne sud est, rassemblement d’une centaine de personnes souhaitant rejoindre la résistance.
Du 8 juin 1944 à mi-juillet 1944, entre Mareuil et Cazoulès, Dordogne sud, sabotage des voies.
25 - 26 mars 1944, Brantôme, Dordogne ouest, embuscade du maquis, deux officiers allemands tués, 25 otages emprisonnés à Limoges conduits sur les lieux sont fusillés en représailles, ainsi qu’un habitant de la commune.
1943, Saint-André-de-Double, Dordogne ouest, café restaurant, contact pour les volontaires souhaitant rejoindre le maquis.
2 février 1944, Le Lardin-Saint-Lazare, Dordogne centre est, sabotage de la papeterie Progil.
1943 - 1944, Salagnac, Cité sanitaire de Clairvivre, Dordogne centre est, accueil et soin de résistants blessés et traqués. Réunions clandestines de plusieurs pensionnaires dès 1941.
14 juin 1944, Lembras, carrefour de La Ribeyrie, Dordogne sud, embuscade du maquis, attaque d’un convoi de l’armée d’occupation.
10 octobre 1941, Église-Neuve-d’Issac, lieu-dit Lagudal, Dordogne ouest, premier parachutage d’hommes et de matériel.
12 février 1944, Mauzac, Dordogne sud, centrale hydro-électrique sabotée par la résistance.
21 juin 1944, Pressignac-Vicq, Dordogne sud, 7 résistants poursuivis et fusillés, par l’occupant. Dans le village, plusieurs maisons incendiées, 33 résistants fusillés, une femme âgée abattue dans la rue.
1943, gare de Lalinde, Dordogne sud, arrivées massives de jeunes réfractaires au STO pour rejoindre le maquis de Durestal.
1944, Thiviers, Dordogne nord, hôtel de la Milice française, traques, arrestations, tortures de résistants.
27 mars 1944, Cantillac, lieu-dit le Bouchet, Dordogne centre, maquis attaqué et incendié, un groupe de résistants se réfugie dans l’église du village.
1943, carrière de Thiviers, lieu-dit Carrières de Planeau Dordogne nord est, récupération de dynamite par le maquis pour les sabotages.
1944, Thiviers, Dordogne nord, Château d’eau, observatoire de la Milice française, surveillance des bois et voies ferrées.
1943, Sainte-Foy-de-Longas, lieu-dit la Sudrie, Dordogne ouest, parachutage destiné à l’Armée Secrète.
© Adagp, Paris