2009
Série de 31 photographies, édition de 10 exemplaires + 2 EA
Photographies numériques, APN compact, 60 x 45 cm
Tirages jet d’encre contrecollés sur dibond à bords francs, châssis au dos
Projet réalisé avec le soutien de la DRAC Nouvelle-Aquitaine
Afin d’éprouver deux dimensions d’infinies conjuguées, l’immensité vide de la toundra et une clarté infinie, j’ai décidé d’effectuer un voyage en Laponie norvégienne arctique durant la saison des jours polaires, lorsque le soleil ne se couche jamais.
Les régions arctiques sont des territoires ou l’isolement, le vide, l’immensité déserte nourrie par des jours sans fin sont favorables à une expérience de l’ errance. L’errance est un moteur singulier de réception du monde. Elle opère une césure, permet de s’abstraire momentanément du monde, pour s’en dissocier, pour l’observer en spectateur distancié. Je me déplace sur le bord des paysages, sur la bordure des lieux. J’opère un retrait muet. J’avance, j’observe, j’entends enfin le silence du monde lorsque nous nous taisons. Je m’immerge dans ces espaces silencieux, j’attends qu’advienne l’absence contenue dans les interstices des choses, j’effectue du monde, des prélèvements muets.
J’ai choisi de parcourir les territoires de la Laponie norvégienne au delà du cercle polaire, en poursuivant vers le nord, puis vers l’extrême est jusqu’à Berlevag. Les espaces battus par le vent se dénudent peu à peu. Nous observons des paysages de toundra désertiques, très peu peuplés, dans lesquels une végétation d’arbustes n’est plus représentée que par des mousses et des lichens, les seuls reliefs sont des horizons de plateaux montagneux enneigés. Le littoral, lui aussi est un immense désert minéral ciselé par le gel.
Frédérique Bretin
© Adagp, Paris