Lyse Fournier crée des images à la fois poétiques et familières, nous immergeant d’emblée dans son univers. Avec esthétisme et finesse, elle saisit, à travers ses prises de vue du ciel, des instants fugaces, faisant la part belle à la lumière, figure centrale de son œuvre. Cette lumière se fait furtive, éphémère, transitoire, mais aussi fantaisiste, exceptionnelle ou rêvée. Capturée lors des nombreuses photographies réalisées par l’artiste puis retravaillées sur l’ordinateur, la lumière est son terrain de jeu, faisant chanter les couleurs et transformant le paysage.
Ce paysage est fragmenté, imprimé sur aluminium et intégré à des structures métalliques réalisées par l’artiste, toutes de forme ronde avec des diamètres allant de 35 à 80 cm. Produites spécifiquement pour les chais de Joanne, leurs couleurs ont été travaillées par l’artiste pour résonner avec l’architecture du lieu, au sein des jeux d’ombre et de lumière effleurant les caisses de vins. Avec leurs longues tiges en métal qui leur permettent de tenir à la verticale, ces images semblent ainsi flotter dans l’espace, créant une installation immersive qui nous happe, nous hypnotise. Les tiges sont polies afin de refléter la lumière elles aussi, dans une cohérence d’ensemble.
Plongé au sein d’un univers onirique, le spectateur se questionne alors : que voit-on ? Des photographies ? De la peinture ? De la sculpture ? L’artiste joue en effet avec différents niveaux de perception dans ses œuvres, proposant des photographies tellement picturales qu’elles se rapprochent de la peinture. On pense alors aux tondos de la Renaissance italienne, ou encore aux paysages évanescents et romantiques de Caspar David Friedrich. Mais aussi aux toiles impressionnistes, se saisissant d’un instant et l’élevant au rang d’œuvre d’art. Dans les œuvres de Lyse Fournier, c’est toute l’histoire du paysage en art que l’on retrace. Tout comme le peintre américain James Turrell, qui nous invite, grâce à ses architectures immersives, à lever les yeux vers le ciel et à y observer toute sa beauté, Lyse Fournier nous incite à prendre le temps de regarder la lumière qui danse au milieu de ses images, pourquoi pas à y déceler une paréidolie, et à apprécier ses natures fantasmées. Ses cieux, tantôt chauds, tantôt doux, tantôt surréalistes, tantôt abstraits, créent des rencontres et génèrent des récits, confirmant les propres mots de l’artiste : « je fais des images-peintures ».