
Il est déjà midi et elles sont toujours dans leurs lits.
Les draps fleuris de la chambre lavande s’étonnent de ce mobilier urbain, bleu vilain. Nauséeuse, suffocante, l’atmosphère est bizarre, tendue et tendre tout à la fois.
Les femmes de Tatiana Defraine sont fatales, caricatures des modèles sur papiers glacés, à la peau de pierre et aux doigts géants. Ces nanas sont autant de scènes d’une tragédie bouffe irrévérencieuse, presque désagréable. Les traits espiègles d’un nouveau Charivari se mêlent aux ornements de la peinture : marbre et drapés épousent le jeu de ces fantasques ladys.
Les compagnons de ces drôles d’Olympias sont des sculptures ironiques, métamorphoses d’un quotidien d’abribus. Des lampes faites de bricolages précaires, généreusement peintes, deviennent des totems farceurs. Les structures métalliques de Romain Juan se transformant tout de suite en songe surréaliste par l’application d’une couleur pince-sans-rire. Sculptant l’espace avec une palette, il compose pour les nanas une mélodie brute et minimale, pourtant, ces quelques nuances sont comme des caresses.
Il est bientôt minuit et les trois grâces en tenue de soirée attendent patiemment dans le salon le spectacle d’une chaise électrique.
Pierre Poumet, texte de l’exposition, 2019


Au premier plan, Assis (2019) de Romain Juan

Lazy lady (fourmi), 2018
Peinture et pastel à l’huile sur toile, 110 x 170 cm
Lazy lady (panthère), 2019
Peinture et pastel à l’huile sur toile, 110 x 170 cm
Lazy lady (escargot), 2019
Peinture et pastel à l’huile sur toile, 110 x 170 cm

Au premier plan, Debout (2019) de Romain Juan

Avec Sans titre (2019) de Romain Juan
Crédits photographiques : Pierre Poumet