
[...] Alanguies, engourdies, lentes et pesantes, Tatiana Defraine propose au regard du spectateur un inventaire complet de poses féminines érotiques dont les indolences voluptueuses se livrent à la paresse et à la lascivité. Dans un univers d’où l’homme est exclu, mais qui s’offre comme une promesse dans la surabondance de créatures et de potentiel de jouissance visuelle, la tradition picturale du modèle féminin est prolongée dans un véritable hymne à la volupté.
Les Vénus de Titien, de Goya ou de Gauguin rejoignent les femmes indolentes de Bonnard et de Vuillard dans des « arrangements » esthétiques qui provoquent le désir.
Or, le désir ne se donne pas d’emblée dans l’image, il naît des dispositifs plastiques que l’artiste va mettre en place pour provoquer l’envie de voir, l’envie de toucher, l’envie de sentir : dans de petits formats, les corps féminins réalisés au pastel gras gisent dans des lieux intimistes - dans une chambre, sur un lit, dans un lieu réservé à la toilette, au bain ou au repos - dans lesquels le spectateur-voyeur s’introduit. Saisi à l’abri d’espaces clos, de cabinets de toilette ou de jardins verdoyants, le personnage féminin se repaît d’une nudité innocente parce que dévoilée mais non encore offerte. Le spectateur fait donc l’effort, par l’imagination ou par l’action, de se rapprocher de ces corps, d’observer et de regarder pour le seul plaisir de voir ce qui ne doit pas être vu. [...]
Corinne Szabo, texte de l’exposition, 2020 (extrait)

Huile sur toile, 100 x 120 cm


Huile sur toile, 130 x 160 cm



Huile sur toile, 100 x 120 cm




Crédits photographiques : Ludovic Beillard