Papeles

2007
47 peintures sur papier, 150 x 190 cm
Fondation Antonio Perez, Cuenca (Espagne)

 

Vue de l’exposition Papeles, 2007

 

Le rire et la parole politique sont liés au démoniaque. La langue politique est celle de la séduction, de la promesse et de la ruse. Pendant des années, j’ai regardé le travail de Michel Herreria comme de la caricature. La continuation d’un genre esthétique, né avec l’imprimé et la diffusion des images, adapté aux réseaux de notre époque et aux situations qui sont les nôtres. Situations mises en évidence par Erving Goffman dans son livre sur « les rites d’interaction » {note}1. Ce que je n’avais pas perçu immédiatement, c’est la dissidence de l’artiste. Une dramaturgie plastique mise au service d’une déconstruction des promesses fallacieuses dans lesquelles nous sommes tenus par l’organisation technique et politique de notre monde. Cette œuvre qui se présente avec des effets comiques est engagée. Les jeux de mots associés à une puissance visuelle qui passe par le dessin, la peinture, l’animation, la performance, luttent contre ce que Brice Parain nomme le « pas vrai ». Les récits de Michel Herreria font intrusions dans le réel, et, comme spectateur, nous sommes pris dans l’absurdité des situations qu’ils révèlent. Il y a là une similitude avec « cette démence propre au rêve » que décrit Bergson à travers une citation de Mark Twain. L’écrivain américain s’exprime à la troisième personne pour évoquer une histoire où, à la fin, il est impossible de savoir qui de lui ou de son frère jumeau est mort. [...]

Jean-François Dumont, texte de l’exposition (extrait), 2007

 

  • Salle Michel Herreria, Fondation Antonio Perez, Cuenca (Espagne)
    16 peintures sur papier, 150 x 190 cm (sans cadre)
  • Salle Michel Herreria, Fondation Antonio Perez, Cuenca (Espagne)
    16 peintures sur papier, 150 x 190 cm (sans cadre)

 

Crédits photographiques : Michel Herreria

1Les rites d’interaction, Erving Goffman, minuit.