Teaser du film
Captures d’écran du film
L’éclectisme de Michael Jackson s’illustre dans une discographie complexe, qui s’étire du funk au rock, allant jusqu’au disco et au rap. Des témoignages de son fidèle professeur de chant Seth Riggs révèlent qu’il pratiquait aussi des airs lyriques, avec un goût particulier pour l’opéra français du XIXe siècle. Il aurait même songé enregistrer ses interprétations avant d’y renoncer, probablement à cause d’un inconfort avec la langue française.
« Pourquoi me réveiller, Ô souffle du printemps », véritable tube de l’opéra Werther de Jules Massenet, faisait partie des airs que chantait Jackson dans l’intimité de son studio. Cette information, méconnue et intrigante sert de point de départ à Nina Laisné et François Chaignaud pour le projet Mourn, O Nature !.
Dans une esthétique qui oscille entre opéra et Pop, clip et fantasmagorie cinématographique, ils réinventent un Werther qui aurait été absorbé par Jackson. Des traits communs inattendus entre le Roi de la Pop et le Jeune Werther se dessinent : une même fascination pour la nature, le désir de revisiter des légendes ancestrales et l’expression d’un désarroi amoureux.
Dans une grotte presque surnaturelle, paré de costumes anciens empruntés à l’Opéra de Paris, François Chaignaud, donne corps à ce Werther fictif, devenu anglophone. Les airs de l’opéra ici traduits en anglais révèlent une troublante proximité avec certains textes de Jackson. Le performeur chante, danse et se métamorphose, il glisse entre différents registres vocaux et physiques et semble prolonger le rêve d’expression totale de Jackson. L’écriture cinématographique et musicale de Nina Laisné transforme les abîmes de la grotte en immense décor de studio. Les spectres du passé y résonnent jusque dans les poèmes d’Ossian, que traduisait Werther, évoquant « sa splendeur passée ». S’y reflètent aujourd’hui les destins croisés du héros romantique et du Roi de la Pop.
Nina Laisné et François Chaignaud