L’ikebana est une pratique attentionnelle et méditative qui ouvre le cœur et nous connecte à l’univers des végétaux, à la joie des fleurs.
Ikebana originel, 2014
Crédits photographiques : Heba Meffre
Il s’agissait d’interpréter et de réaliser, avec mes ami.e.s Joël-Claude Meffre et Dominique Blanc, l’Ikebana originel tel que le décrit Chögyam Trungpa dans son livre Zen et Tantra, au chapitre « Artistes et Samouraïs au chômage » :
« Traditionnellement, les écoles d’ikebana du Japon se sont développées à partir des arrangements végétaux qu’on élaborait dans les temples. Les moines allaient couper de grands pins dans les bois, qu’ils rapportaient et disposaient dans de grands chaudrons, calés avec de vieilles chaussures et des cailloux. Lorsque les guerriers venaient offrir leurs sabres, leurs casques et leurs cuirasses au temple pour manifester leur non-violence, les moines s’en servaient pour remplir les chaudrons et maintenir l’arbre droit. »
La suite du texte de Trungpa est aussi très éclairante :
« Mais les maîtres zen ont trouvé trop arrogant de planter un tronçon de pin au milieu d’un pot. De ce point de vue, installer le pin dans une maison est encore plus prétentieux. L’arbre dit : « vous n’auriez pas dû me retirer de ce beau paysage pour me mettre ici, dans votre décor. Je n’appartiens pas à ce monde-là. » Alors on à ajouter une branche, en complément de la branche de pin, pour symboliser la terre ; puis une branche penchée, pour symboliser l’homme, au milieu de l’arrangement. Et on a ajouté des fleurs. Ainsi l’arrangement floral traditionnel s’est-il développé – avec les trois principes de shin, le ciel, de l’homme et de la terre – en vue de s’assurer que le pin est heureux à cet endroit, malgré la statue toute puissante et gigantesque du Bouddha qui le surmonte. Les fleurs sont censées se déployer nonchalamment, comme les fleurs qu’elles sont. »
Prendre le temps de respirer : sauver le souffle !
Jean-Paul Thibeau
Ikebana (生け花) également connu sous le nom de kadō (華道/花道), la « Voie
des fleurs » ou « l’art de faire vivre les fleurs » est un art traditionnel Japonais basé
sur la composition florale.
« En tant qu’êtres humains, nous faisons partie de l’univers, et suivons les
mêmes cycles que toutes les autres formes de vie. Aussi lorsque que nous
pratiquons avec des éléments végétaux, nous avons l’opportunité de nous étudier
tels que nous sommes. En utilisant les formes classiques de l’ikebana, le Kadô
nous enseigne comment voir clairement la sagesse dans la nature, en nous-même
et dans les autres. Le propos ultime du Kadô n’est pas de faire de belles
compositions florales, mais de nous aider à avoir un esprit joyeux, de travailler
avec les obstacles, et de développer le respect pour toutes les choses et tous les
êtres. »
Arnaud Caron, Kadô /Shambhala
Méta-ikebana, 2023
Pôle des arts plastiques de Six-Fours
Méta-ikebana brunch, 2021
Fondation du doute, Blois
Crédits photographiques : Alain Goulesque
Méta-ikebana, 2020
Dans le cadre de Rien n’aura eu lieu, POP Arles
Crédit photographique : Fabien Vélasquez
Méta-ikebana aquatique, 2020
Avec Caroline Derniaux et la participation sonore de Geoffroy Lefranc Lindenmeyer
Dans le cadre du Radeau des champs, Visan
Crédits photographiques : Anne Moirier
Méta-ikebana, 2020
Avec Trécy Afonso, dans le cadre du Royal cabanon, Rognes
Crédit photographique : Huna Ruel
Méta-ikebana, 2019
Dans le cadre de Le moindre geste, Le granit de Belfort / Montagne Froide
« Il y a ce que l’on apprend dans les temps de pratique Ikebana et ensuite il y a
ce que l’on y associe et invente avec la pratique méta-artistique - méta indique
ici la succession, le déplacement, la transformation, la métamorphose, le pas de
côté … En associant l’esprit Ikebana et l’esprit Méta il est possible de réaliser
des compositions « florales » libres avec des matériaux divers, mais aussi avec
des combinaisons de personnes à travers des sessions d’expérimentations où
l’on réfléchit, où l’on expérimente des variations d’états physiques et mentaux
et des manières différentes d’être ensemble et de faire.
Oui, on peut élargir la notion d’Ikebana à beaucoup de choses, à nos pensées, à
nos corps, à la manière de se vêtir, à la manière d’aménager sa maison, à sa
manière de vivre… Cela requiert une attention, une conscience du temps et de
l’espace présents… Ce sont autant des manières actives de méditer que des
manières de créer ! »
Jean-Paul Thibeau
Sauf mention contraire, toutes les photographies de cette page ont été prises par Jean-Paul Thibeau