Un Méta-atelier est un « atelier de réflexion » dont la thématique pourrait être le méta-art ou l’esthétique de l’existence {note}1. Je vous propose de parcourir avec moi, une partie de l’art expérimental qui va du happening, en passant par les événements, les actions et les performances, pour déboucher sur des activités indéfinissables et des méta-activités.
Extrait d’un courrier du 26 novembre 1997
Le premier Méta-atelier a vu le jour à partir de 1998, à l’école supérieure des beaux-arts de Bordeaux (où j’ai enseigné de 1991 à 2002) avec des sessions d’expérimentations qui combinaient performances et réflexions sur l’esthétique de l’existence. En 2001, j’ai pu clairement mettre en place un Méta-atelier, laboratoire d’expérimentation regroupant des étudiants en art et des auditeurs libres autour de l’idée d’un méta-enseignement et des enjeux de l’esthétique de l’existence et ses malentendus. Le sous-titre du méta-atelier était alors : « où à l’enseigne des choses difficiles à définir… » Jusqu’en 1999 nous étions dans une articulation classique : expérimentation/élaboration projet/réalisation-manifestation. À partir de 2001 ce dispositif va se dissoudre en rencontre-expérimentation et rendez-vous/intégration d’un « public ».
À partir de 2002, je transfère mon expérience et mes recherches à l’école supérieure d’art d’Aix-en- Provence. Si le Méta-atelier fait passerelle avec les diverses disciplines proposées au sein de l’École - il n’en est pas moins spécifique dans son mode de fonctionnement : il est à la fois atelier et séminaire, laboratoire et plateforme de production où les objets sont à traiter sur le long terme (deux ans minimum pour intégrer recherches, expérimentations, réalisations, manifestations).
Spécifique aussi car il poursuit le questionnement dialogique entre statut de l’artiste, activité, mais aussi moyen de production et mode de diffusion... Et ceci à partir d’ expériences concrètes menées tant au sein de l’École que dans le milieu de l’art, que dans d’autres contextes, afin d’aider les étudiants à comprendre que le champ de l’art et de la culture ne sont pas « ce que l’on croit » (une simple piété envers l’art) mais bien ce que l’on en fait ! Pour y agir, voire pour en modifier le jeu : il faut en connaître les règles ! Cela relève évidemment d’une éthique, d’un art de faire, d’un « art de vivre », d’une méta-politique et de leurs malentendus.
Jean-Paul Thibeau
Crédits photographiques : Jean-Paul Thibeau
1Des années 1950 à nos jours, l’esthétisation de l’existence est entendue comme recherche de nouvelles expériences à la fois pour élargir la conscience de soi (et le rapport à l’autre) et élargir les pratiques, les disciplines (transdisciplinarité) - mise à l’épreuve de la multidimensionnalité du sujet et de son champ d’activité...