Les racines ne poussent pas en lignes droites

Les racines ne poussent pas en lignes droites, 2020
Livre : photographies et texte
Impression numérique couleur, 12 x 20 cm, 252 pages, 150 exemplaires
Les éditions du Castel, Forbach, 2020

 

Première étape de recherche d’une enquête sur les liens entre végétation et mémoires de guerre, cet essai prend la forme d’une autofiction qui se déroule tout au long de la nationale 3, de Paris à la frontière allemande. Écrit lors d’une résidence à Forbach (Moselle) au centre d’art Castel Coucou, j’y ai détricoté des histoires de lignes vertes, de frontières administratives et imaginaires, de fortifications fleuries, de clôtures plus ou moins naturelles et de murs parfois végétaux. À partir de mes archives et par herborisation, j’y développe un éventail de considérations sur la réapparition de la nature dans des espaces marqués par l’activité militaire. La botanique y devient le support d’une réflexion sur ma pratique. (Voir De leurs restes et Capture the Flag).

L’édition a donné lieu à une performance produite et réalisée avec Véronique Albert.

 

 

"[...] Si je prenais la carte de mes recherches, je pense que des zones se superposeraient de manière étrange. Des zones massivement polluées par les déchets de guerre, des munitions immergées en baie de Somme aux Parcs naturels de Ardennes ou de Lorraine, on protège la nature à ces endroits, spécifiquement, où elle me semble moins naturelle qu’ailleurs. Mais alors, quelle nature conservons-nous dans ces espaces ? De quelle type de nature devons-nous nous émerveiller quand le tourisme de mémoire vend des randonnées sur les champs de bataille de l’Argonne ou de la Somme, des balades du souvenir dans les forêts de Verdun ou des Ardennes, ou encore des parcours verts le long des plages du débarquement ? Chacun de ces territoires « naturels » portent en eux un degré de naturalité réduit à mesure que l’impact de la guerre s’est fait sentir sur lui au cours du temps. J’imagine une sorte de courbe, un quotient métallique variable, que l’on pourrait déterminer par l’intensité de l’activité militaire et de ses restes : la tôle des blindages, l’acier du béton armée, de la mitraille ou des défenses accessoires, les métaux lourds des obus et des mines, le fer du barbelé, les alliages des armes et des équipements. [...] »

Extrait du texte de l’édition.

 

 

Texte : Anaïs Marion
Crédits photographiques : Anaïs Marion
© Adagp, Paris