En août 2018, j’ai suivi les traces de la Baghdadbahn, chemin de fer construit par l’Allemagne à partir de 1890 pour connecter Berlin à la capitale irakienne. Héritier de l’impérialisme économique du XIXe, ce train aurait été imaginé pour rapatrier des pièces archéologiques grandioses depuis la Mésopotamie jusqu’aux vitrines du Pergamon Museum. J’ai emporté dans mon périple une reproduction d’un taureau ailé de Ninive (voir Dual Use), trouvé dans ce musée de Berlin. Sachant que ma tentative d’aller jusqu’à Bagdad était vouée à l’échec, j’ai collecté dans chaque gare une pierre de ballast sur les quais. Cette collecte réalisée jusqu’à la frontière syrienne est dévoilée dans une lecture-vidéo qui mélange images et récits issus de mon voyage dans une lettre adressée au taureau ailé de Mésopotamie, victime des destructions de Daech en 2015. En refaisant ce trajet dans le sens inverse des réfugiés d’aujourd’hui, ce projet évoque les liens entre notre actualité, l’invention de l’écriture dans le berceau de notre civilisation et l’écriture complexe de l’histoire au fil du temps.
Cailloux récupérés dans chaque gare du parcours ; le 12e n’a pu être collecté car il était alors impossible de franchir la frontière de la Syrie 12 tirages jet d’encre, 30 x 40 cm (encadrées)