Souvent réalisées sous les signes de l’index, de l’indice, de la synecdote, les expositions de Laurent Kropf, lauréat du prix culturel Manor Vaud 2011, articulent simultanément plusieurs formes d’expression, en portant une attention particulières aux relations qu’entretiennent le texte et l’image. Au MCBA, l’artiste propose un scénario ouvert, dont le titre énigmatique : PORNTIPSGUZZARDO constitue le premier code d’accès. Dans une efficace économie de moyens et de gestes, Kropf crée un contenant et un contenu qui n’en deviennent pas moins fragmentaires et morcelés. En effet, contraint dans un couloir qui n’autorise aucun point de vue englobant, l’observateur est invité à découvrir le dispositif dans un espace autre, à l’écart, inversé. Utilisés pour la photographie en studio, d’immenses fonds colorés sont déroulés du sol au plafond de manière à former, à l’échelle de la salle d’exposition, une colonnade de papier de plan rectangulaires et viennent s’organiser au sol en dessinant un damier géométrique abstrait. Des lumières violentes éclairent l’intérieur de la structure pour sublimer la fulgurance des couleurs vives. Chaque élément vertical est séparé par une embrasure de quelques centimètres. L’espace de présentation, dépourvu d’objets, isolé et pénétrable, perceptuellement dynamique, peut s’ouvrir et se fermer. Créant dans l’enceinte du musée un lieu qui se réfère directement au jeu de simulation Simcity et invitant le groupe punk The Ex à publier ses paroles dans le Livre un : le début d’une belle frénésie, Kropf délimite des espaces où les règles et les modèles peuvent être réinventés, déplacés, ou détournés.
Texte publié dans Artpress n° 377, autour de l’exposition au Musée cantonal des Beaux-Arts de Lausanne.