Work-in-progress depuis 2018
Protocole de collection
Au départ, il y a cette petite collection d’objets : un ensemble de gadgets achetés dans les boutiques souvenir de grands musées d’art européens. Les stars du Musée du Louvre (Paris), du British Museum (Londres) ou de l’île aux musées (Berlin) sont déclinés en magnet, presse-papier, serre-livres, mug, pendentif, sous-verre, ou porte-clés. Ces reproductions grossières évoquent sans essayer de faire authentique. Ersatz d’une expérience esthétique ou preuve d’une visite, ils portent en eux une certaine réminiscence des œuvres. À moi, ils me donnent le sentiment d’en posséder un fragment. L’expression « dual use » se dit des biens ou des technologies qui peuvent être utilisés tant à des fins civiles que militaires. Ces reproductions miment des pièces archéologiques qui viennent de Grèce, d’Égypte et de Mésopotamie, considérés comme les « berceaux » de notre civilisation. Toutes déplacées, ces pièces invitent à se pencher sur la copie, sur l’écriture de l’Histoire de l’art autant que sur les questions de spoliations et de restitutions des œuvres à leur pays d’origine.
Avec cette collection, je tente de remettre en circulation ces objets là où ils sont inaccessibles (Un musée imaginaire), de leur faire parcourir le chemin retour (Baghdadbahn), de les dupliquer à nouveau (Non retour) ou de rendre unique une de leurs nombreuses représentations (A Rosetta Stone).
Texte : Anaïs Marion
Crédits photographiques : Anaïs Marion
© Adagp, Paris