Îles et territoires

L’œuvre de Maya Andersson est un territoire à la mesure du corps. Au centre de cet espace encore informel, les bras délimitent une première région, circulaire, ovoïde. Cellule originelle, noyau, qui peut devenir île dans l’océan du possible. Germe de toute création, sa matière vivante est agressée, griffée, ratissée comme est labourée la terre ouverte à la semence. La limite de cette cellule est moins une frontière qu’une membrane mouvante et perméable.

Au-delà est le monde infini, illimité qui s’écrit par la différence. Il est le prolongement encore amorphe, tendant à l’organisation. Dès lors l’importance d’une orientation, au terme premier et dernier du travail. Orientation que Maya Andersson conduit comme sa propre nécessité de saisir le monde et qui devient le tropisme de la matière en voie de formation. Quatre points cardinaux vers lesquels tendent les formes, en une architecture symbolique à valeur d’archétype. De l’espace sacré nait le premier temple ; la première mosquée, aires ouvertes aux regards des dieux.

Le territoire peint au sol, appartenant au sol par la matière de ses terres mêlées, une fois dressé, flèche l’Est comme axe directeur : le cycle accompli ne peut que recommencer.

Claude Ritschard

Extrait, exposition Images de la Suisse français, Fondation Gulbenkian et pro Helvetia, Lisbonne, 1982

 

Observation dans le paysage du Northlumberland, 1980
Polaroïds, Northumberland et Gironde.
Crédits photographiques : Maya Andersson

 

Dans le champ, une île retournée recouverte de roseaux secs., 1980
Polaroïds, Gironde

 

Observation dans le paysage, Gironde, 1980
Polaroïds
Crédit photographique : Maya Andersson

 

Île verte, 1980
Papier goudron, peinture et colle acrylique, pigment blanc, terre et mine de plomb
150 x 120 cm
Crédit photographique : Alexandre Delay

 

Montignac-Vialot, 1981
Papier canson marouflé sur tissus, peinture et colle acrylique, pigment blanc, terre et mine de plomb
230 x 275 cm
Crédit photographique : Alexandre Delay

 

Vue de l’exposition Maya Andersson-Alexandre Delay, Montignac (Périgord), été 1981
Crédit photographique : Alexandre Delay

 

Île piège, 1981
Papier goudron marouflé sur tissus, peinture et colle acrylique, pigment blanc, terre et mine de plomb, 195 x 290 cm
Crédit photographique : Frédéric Delpech

 

La Noire, 1981
Papier canson marouflé sur tissus, peinture et colle acrylique, pigment blanc, terre mine de plomb, 210 x 280 cm
Collection Frac Nouvelle-Aquitaine MÉCA
Crédit photographique : Frédéric Delpech

 

Palenque, 1982
Papier canson marouflé sur tissus, peinture et colle acrylique, pigment blanc, terre et mine de plomb, 215 x 185 cm
Collection Commission suisse des Beaux-Arts
Crédit photographique : Frédéric Delpech

 

Peten (jungle), 1981
Papier goudron marouflé sur tissus, peinture et colle acrylique, pigment blanc, terre et mine de plomb, 256 x 288 cm

 

Usumacinta (vallée), 1981
Papier goudron marouflé sur tissus, peinture et colle acrylique, pigment blanc, terre et mine de plomb, 290 x 300 cm
Collection Musée Gulbenkian, Lisbonne
Crédits photographiques : Frédéric Delpech

 

© Adagp, Paris