Née en 1991 à Quessy (02), Lidia Lelong vit et travaille à Saint-Léonard-de-Noblat (87). Elle a obtenu un DNSEP en 2016 à l’ENSA - École supérieure nationale d’art de Limoges. Membre du collectif Factory 87 à Saint Léonard de Noblat et du collectif LAC&S-Lavitrine à Limoges.
Sa démarche artistique est orientée vers la sculpture et l’installation in situ. Lors de voyages et pérégrinations, elle collecte un catalogue de formes, souvent empruntées à l’environnement urbain et à l’architecture. Ces formes renaissent dans des œuvres où elle opère un décalage ou une inversion de la réalité des objets initiaux.
Ainsi, dans le cadre de sa résidence d’artiste à Châteauroux, Lidia Lelong prend la ville comme terrain d’exploration urbain, pour repérer, référencer, collecter des espaces architecturaux qui évoquent la notion de vide. Son attention à ces espaces évidés la conduit ensuite à réaliser les oeuvres que nous découvrons dans l’exposition pour leur donner vie.
Dans la grande salle, trois pièces associant le son, le volume et l’écriture, nous invitent à une déambulation urbaine imaginaire ayant pour objet son propre parcours réinterprété.
La pièce sonore restitue sa première exploration de la ville. Où, à partir d’ une expérience vécue, elle a transposé son parcours allant de l’atelier à son logement, sous forme d’un enregistrement sonore, qui fait état sur un ton décalé et plein d’humour, voix façon GPS, de ses errances et allers-retours.
Une installation composée de 9 sculptures en contreplaqué et métal fait écho à cette pièce.
Chaque sculpture peinte (d’après une couleur extraite d’une photo d’un coucher de soleil prise depuis l’atelier), recrée une sorte de carcasse englobant du vide. Cette parcelle de « vide » provient d’endroits vus dans la ville, « dents creuses », espaces publics non utilisés, que l’artiste a réinterprétés à partir de dessins et de descriptions issues de son exploration, en altérant toute référence précise au lieu. Les sculptures sont disposées dans la galerie selon un tracé qui nous invitent à retrouver inconsciemment leur positionnement dans le plan de la ville pourtant absent de l’exposition.
Sur les murs, présence discrète d’une série de questions imprimées sur papier millimétré bleu autour de la notion de vide, pour évoquer le « caché-visible » qui relie les trois pièces. En effet, chacune d’entre elles suggère des effets de transparence ou de retrait (ombre projetée sur le bois, questions fondues dans le support, blancs perceptibles dans la bande son) pour exprimer les temps de latence qui préside à son apparition.
Dans la petite salle, comme pour accroître ou mieux suggérer le rapport à l’imperceptible, la pièce nous apparaît comme vide. Et là, par un effet de blanc sur blanc nous pouvons découvrir sur le mur, le plan de l’habitation où Lidia a vécu le temps de sa résidence. L’artiste qui a ainsi pensé tous ses déplacements comme un parcours qui va de l’espace public à l’espace intime nous invite, au sortir de l’exposition, à produire ce même schéma en rentrant chez soi ou en allant n’importe où ailleurs...