« Mais voilà que depuis quelques jours je me suis mis à dessiner des pommes de terre – c’est idiot mais c’est comme cela, une envie irrésistible de dessiner des patates ! De les dessiner et de les redessiner, d’éprouver cela, cette espèce de relation à l’objet, au regard observant, à sa traduction par du graphe, du geste, par une certaine liberté, laisser-aller de la main… Hier j’ai pensé en réaliser en volume, en bois… Aujourd’hui j’en ai réalisé une en pâte à modeler et une autre en terre ocre rouge…
Pommes de terre – c’est un prétexte et c’est en soi une forme simple, rustique et c’est aussi un tubercule nourrissant… je ne sais comment dire, j’y vois à la fois de la rotondité bosselée, de la densité, de la rugosité (restes de terre séchée), divers grains, des germes, de la rusticité, un objet humble…
Cela me fait me ressouvenir des natures mortes de Courbet, Monet, Cézanne, Van Gogh, Matisse… Motifs, volonté d’être la main qui va donner une sur-présence au tubercule.
Qu’est-ce que cela veut dire dessiner, peindre des pommes de terre ? Avec un faire cela, d’une manière répétitive et ritualisée ?
Rien, rien, rien… une manière de donner forme au temps et à l’attention…
Une façon de me rappeler que je viens du Grand-Rien et que je vais vers le Tout-Rien… »
Jean-Paul Thibeau, note du 22 décembre 1986
Dessins patate, sélection,1984-2018
Techniques et dimensions variables
Dessins méta-patate, sélection, 1989
Techniques et dimensions variables