> consulter et télécharger le C.V en .pdf
« Céline Domengie met en place des dispositifs de recherche à partir de la notion de chantier. Dans des contextes concrets de transformation, elle engendre, traduit, retrace des processus : ceux de l’expérience Genius loci. Elle mène un travail d’enquête avec le triple soucis : comment s’immerger dans un espace/temps de chantier ? Comment y créer de la présence et de l’hospitalité ? Comment faire voir le processus de travail au coeur même de ce qui se répète tout en amenant du hasard ? Dans chacun de ses chantiers elle tient compte de ces trois registres : environnement, rapports sociaux, subjectivité humaine. Avec le temps Céline Domengie a mis en place une sorte d’écosophie . L’écosophie chez Félix Guattari prend en compte aussi bien des macrodimensions physicochimiques tel que notre environnement écologique, que des dimensions anthropologiques (écologie sociale), que des dimensions “moléculaires” : la sensibilité, le désir, la subjectivité individuelle.
C’est de la façon de vivre désormais que les artistes sont en charge - la manière de faire usage de soi dans le rapport à l’autre avec un médium que l’on peut appeler « art de faire des pas de côté ».
Guattari écrivait « Les individus doivent devenir à la fois solidaires et de plus en plus différents ». Céline Domengie serait-elle une artiste mutante ? Guattari déclarait : « Les artistes sont des mutants, dans des conditions très difficiles pour muter, des conditions de contrôle par les images dominantes, par les médias, par le système des galeries, par exemple. (...) Cela dit, ce sont des gens qui ont le courage de jouer leur existence sur un processus de singularité et c’est en cela qu’ils nous offrent un paradigme qui est intéressant. Il y a toujours cette idée qu’à l’horizon, à l’horizon absolument utopique de l’histoire, il y aurait la possibilité de construire son existence comme un artiste conduit son oeuvre. Mais je souligne le comme ». »
Texte de Jean-Paul Thibeau, 2015 (extrait)
Commande de Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine
“Céline Domengie sets up research arrangements based on the notion of construction site. Within tangible contexts of transformation, she creates, conveys and traces processes : those of the Genius loci experience. She undertakes an investigative work with three concerns : How to immerse oneself in the space/time of a construction site ? How to create in it both presence and hospitality ? How to show the work process at the very heart of what is being repeated while at the same time bringing in chance ? In each one of her sites she takes these three themes into account : environment, social relations, human subjectivity. Over time, Céline Domengie has set up a kind of ecosophy. For Félix Guattari, ecosophy takes into account physical and chemical macro-dimensions, such as our ecological environment, as much as anthropological dimensions (social ecology), and “molecular” dimensions : sensibility, desire, individual subjectivity.
What artists are henceforth in charge of is the way of living—the way of making use of oneself in the relation to the other with a medium which might be called “the art of sidestepping”.
Guattari wrote : “People must become both united and more and more different”. Might Céline Domengie be a mutant artist ? Guattari declared : “Artists are mutants, in very difficult conditions for mutating, conditions of control through predominant images, through the media, through the gallery system, for example. […] This said, they are people who have the courage to play out their existence in a process of singularity, and it is in so doing that they offer us a paradigm that is interesting. There is always this idea that on the horizon, on the absolutely utopian horizon of history, there might be the possibility of constructing one’s existence the way an artist conducts his oeuvre. But I underline the words : “the way”.”
Jean-Paul Thibeau, 2015 (excerpt)
Commissioned by Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine
Translated by Simon Pleasance, 2015