Au premier abord, l’inspiration semble biographique, voire intime : Laurent Le Deunff n’aurait rien à prouver et ses souvenirs personnels, une petite pile de magazines de chasseurs, alliés à quelques éléments piochés dans la nature et dans les musées d’ethnologie, lui offriraient un répertoire d’images conséquent. Il prendrait comme point de départ un lot de motifs atemporels. Son iconographie se rapprocherait, comme l’écrit Valérie Da Costa, d’un champ de références « populaires », proches d’un imaginaire commun, et loin de toute anecdote, narration forcée, ou prouesse de l’imagination. On pourrait aisément en déduire une sorte d’instinct naïf, proche d’un Gauguin ou d’un Sérusier, alors qu’au contraire ses productions tissent un réseau complexe de pratiques et de centres d’intérêts, parfois antagonistes. Et elles nous orientent vers une attitude d’autant plus intrigante et libre qu’elle s’exerce à l’intérieur de cadres assez clairs. En effet le travail de Laurent Le Deunff s’articule autour de deux pratiques différentes. D’un côté, un ensemble de sculptures, dont la plupart utilisent des matériaux naturels (cuir, bois, os…) et reprennent des sujets tirés de la nature : séries de têtes d’animaux dérivés en totems, chien, morse, etc., mais aussi contenants ou objets de mobilier de toutes sortes (coffre-fort, tente, aquarium, matelas). Cet inventaire crée bien une sorte de cabinet de curiosité imaginaire. [...] Second temps maintenant, là où tout se gâte, une série grandissante de dessins, au crayon sur papier Moleskine, représentant entièrement ou partiellement des paysages naturels, des animaux pendant le coït, des chasseurs, une variété de thèmes inspirés de la botanique ou de la zoologie, c’est-à-dire un champ thématique plus serré que celui des sculptures, une technique unique aussi. [...]
Texte de Damien Airault, 2011 (extrait)
Commande de Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine
At first sight, Laurent Le Deunff’s inspiration seems biographical, even intimate : it may seem like he has nothing to prove, and his personal memories – a small pile of hunting magazines and a few elements gleaned from nature and ethnology museums – like they may offer him a sufficient repertoire of images. Perhaps he might use a set of timeless motifs as a starting point. As Valérie Da Costa wrote, his iconography could be compared to a field of “popular” references, close to a collective imagination, and far more than anecdote, forced narration, or creative prowess. One might easily conclude to a sort of naïve instinct, akin to Gauguin or Sérusier, when in fact his works weave a web of complex and sometimes antagonistic practices and interests. They steer us toward an attitude that is all the more intriguing and free as it is carried out within fairly clear frameworks. Laurent Le Deunff’s work is articulated around two different practices. On the one hand, a body of sculptures, most of which are made with natural materials (leather, wood, bone…) and are based off subjects taken from nature : series of totem-like animal heads – dogs, walrus, etc. – and various kinds of containers or pieces of furniture (safe, tent, aquarium, mattress). This inventory creates a sort of imaginary cabinet of curiosities. […] On the other hand, where things take a turn for the worse, one finds a growing series of pencil drawings on moleskin paper depicting full or partial landscapes, animals copulating, hunters, and a variety of themes inspired by botany and zoology ; that is, a narrower thematic field than in the case of his sculptures, but approached with a unique technique.” […]
Damien Airault (excerpt), 2011
Commissioned by Documents d’artistes Nouvelle-Aquitaine