Après l’école, biennale artpress des jeunes artistes

Etienne Hatt, 2020

Hors-série de artpresse, automne 2020

 

L’histoire et la mémoire, leurs récits et leurs représentations sont au cœur des inventaires, constellations, actions et conférences d’Anaïs Marion. Aspirante journaliste tôt convertie à l’art, cette dernière enquête sur la présence contemporaine du passé. Elle piste et recueille les traces des faits et phénomènes historiques. Elle mobilise des images d’archive pour sonder leur actualité. Elle en produit de nouvelles qu’elle agence en planches ou séries. Depuis 2014, elle collecte et photographie prospectus et souvenirs produits par une économie florissante de la mémoire. Son Atlas Bellone pointe le caractère à la fois attachant et obscène de ces babioles de mauvais goût qui permettent à tout un chacun d’avoir sa part d’histoire. On le voit, l’artiste a moins une attitude contemplative que critique.

Emprunte-t-elle aux méthodes de l’histoire ? Anaïs Marion se voit plus proche de la botanique, discipline de terrain qui prélève, nomme, décrit et inventorie. D’ailleurs, en reprenant la technique ancienne et naturelle de l’anthotype, elle a consacré des photographies aux révolutions pacifistes des 20e et 21e siècles qui portent des noms de fleurs. Et la foule soudain tendit une fleur (2017-20) dialogue ici avec des moulages des Colosses aux mains d’argile (2017) qui reprennent la gestuelle directive de statues déchues de Lénine. Les révolutions sont éphémères, certaines échouent, mais les fleurs viennent parfois à bout du bronze.

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