Réaliser un projet filmique de documentaire-fiction :
Partir vivre au monastère de Tautra Mariakloster afin d’affronter, le silence, le rituel, la solitude, l’enfermement, la dévotion.
S’éprouver. Se risquer. Expérimenter.
Affronter un paysage, un climat, un lieu, un fonctionnement, une nature qu’on ne connaît pas. Vivre avec ces femmes dont le temps est transformé en rites.
Être dehors, affronter et vivre avec la neige, le vent, le froid, la pluie, la nuit. Il n’y avait pas de neige.
Remplir (ou pas) l’espace vide. Etre absorbée par le paysage. Ici, ce sont les détails de la végétation prise dans la glace qui m’ont captivés.
J’aimerais travailler sur la notion de chute.
Pas de mer gelée, juste un plan d’eau glacé.
J’aimerais élaborer avec Laureline Galliot une chorégraphie autour de la chute. Pas de chorégraphie autour de la chute : mauvaise piste : pas adaptée à la danseuse et au lieu. Je me suis concentrée sur le costume et le masque dans le mouvement afin d’élaborer des actions sur ce plan d’eau gelé.
Travailler la lumière - qui sera rare à cette époque de l’année - être dans la pénombre, filmer à la tombée de la nuit. J’ai filmé la nuit afin d’essayer de donner à voir et à ressentir cet endroit mystérieux : le pont interminable pour aller jusqu’à l’île, cette lumière rouge permanente dans le ciel la nuit, …
Être dans une sauvagerie. Pas de fracture, je pense mais la rudesse du climat.
Être en immersion psychiquement au monastère et être en mouvement physiquement dehors lors de la marche sur le Fjord, voici les deux lignes déterminantes du projet.
Aucun scénario ne serait écrit au préalable, le film se construira au fur et à mesure du voyage, de la découverte, de l’expérience vécue ; laissant place à l’improvisation, aux rencontres, au vécu.
Les musiques et les chants du monastère rythmeront les mises en scènes.
Ce qui en résulte alors est une rencontre entre deux univers : l’image et la danse ; le paysage et le costume ; la lumière et les couleurs. Les images prennent place sur l’île de Tautra en Norvège.
Les chants viennent porter les images de la nature et du personnage dansant sur ce bout de sol gelé. Ses gestes relèvent d’une sorte de rituel à l’allure grotesque tout en possédant un côté inquiétant et sauvage.
Julie Chaffort
images extraites de la vidéo
© Adagp, Paris