Sweet Home

L’événement débute par un bonus secret, celui dont on ne doit pas dire l’essence, la chute, ni même mentionner l’existence. Disons juste que ça démarre bien, comme une mise en bouche drôlatique et bien vue. Puis, les deux entrent en scène, musique. À leurs pieds, une façade de maison en kit, prête à monter. Ça tombe bien, elle sera hissée par un complice au cours de l’événement, révélant ainsi sa face cachée, toute en dorure puisque recouverte de couvertures de survie isolantes en Mylar. Isabelle se place dans l’encadrement d’une fenêtre de la façade posée au sol, micro sur pied devant elle, elle y récitera le discours du 16 avril 1968 de Georges Pompidou à Cahors, alors premier ministre de la République française. Il y aborde les problèmes de l’agriculture dans le cadre de la construction européenne et les besoins en formation inhérents à la situation. Le duo se réapproprie la chose en remplaçant toutes les mentions évoquant l’agriculture en culture. L’agriculteur devient artiste, la France devient Bordeaux ; le discours reflète alors une situation délicate pour tout professionnel de la profession :

Et bien je voudrais que de cette réunion d’artistes particulièrement moderne et bien équipée ressorte une impression d’optimisme et de confiance dans l’avenir. Tout d’abord parce que contrairement à ce qu’on dit trop souvent, la création artistique n’est nullement condamnée par l’évolution. Ce qui est condamné par l’évolution c’est une certaine forme d’art, que j’appellerais si vous voulez, une création de survivance où les artistes vivaient en quelque sorte de l’amour de l’art et à l’écart de l’activité économique.

Myrtille Bourgeois

Extrait de Sweet Home (2022), texte écrit à l’invitation de The George Tremblay Show à l’occasion de cette performance.

 

Crédit photographique : Nicolas Milhé
{Sweet Home}, 2022
Sweet Home, 2022
Performance, mai 2022, Fabrique Pola, Bordeaux
Dans le cadre du vernissage de l’exposition The George Tremblay Solo Show

 

Sauf mention contraire, toutes les photographies de cette page sont de Corinne Fourcade.