
Dans ces deux tapisseries en feutre brodé (Robocut et Œuvrer avec ou lutter contre la terre), je concentre mon attention sur ce qui m’anime profondément : créer des hubs d’abondance, créer des refuges ou des sanctuaires pour les êtres plus-qu’humains. Je régénère un sol anciennement agricole en aggradant le sol en favorisant la vie (bois, microorganisme) du sol et prohibant les engins lourds, en plantant et semant des arbres et en activant les petits cycles de l’eau. Ces broderies racontent ces aventures et les vivants avec lesquels je co-construis ; les peuples de graminées, des chardonnerets, des musaraignes, des chauve-souris, des chouettes Athena, des saules. Ces lieux d’hospitalité active deviennent des paysages robustes,
Pour le biologiste et chercheur au CNRS spécialisé en biomécanique des plantes Olivier Hamant, la robustesse est une propriété fondamentale du vivant : c’est la capacité d’un système à résister aux perturbations tout en restant fonctionnel. Dans la nature, cette robustesse ne vient pas de la rigidité, mais de la souplesse et de la diversité. Les plantes, par exemple, ne cherchent pas à éviter le stress : elles s’y adaptent, redistribuent les contraintes et se renforcent grâce à elles. Hamant propose de s’en inspirer pour nos sociétés : bâtir des systèmes résilients plutôt que performants à court terme, capables d’encaisser les crises (climatiques, économiques, sociales) sans s’effondrer. La robustesse, c’est l’art d’accepter la contrainte et d’en faire une force, au lieu de la nier.
Suzanne Husky
Crédits photographiques : Suzanne Husky






