[...] La forme originelle de Pinball Cyclo relève autant de l’espace architectural que de la structure moléculaire. Elle émerge de la rencontre imaginaire entre trois cercles, métaphore des trois atomes composant la molécule d’eau H2O. Pierre Labat envisage cette gigantesque sculpture comme une composition géométrique, une peinture bien que l’œuvre soit en trois dimensions. Il transpose là encore les deux dimensions en volume. Le visiteur, une fois entré dans la structure, n’a le choix qu’entre deux directions possibles. Il est alors dans l’obligation d’exécuter le même parcours dans l’un ou l’autre cas. L’espace triangulaire que l’on découvre en entrant par l’une des portes évoque les différentes architectures des espaces publics telles les zones de transit des gares ou des aéroports qui influent sur nos déplacements sans que nous n’en prenions réellement conscience. Ces lieux sont conçus de façon à optimiser les flux de personnes et à les organiser. Chacun de nous emprunte donc des directions définies et étudiées à l’avance. En ce sens, l’artiste est proche des théories situationnistes par son analyse du pouvoir psychique de l’architecture sur les comportements humains. Ces chemins sont donc des itinéraires tout tracés qu’il nous suffit de suivre. [...]
Karen Tanguy, « Flatland » (extrait), 2006
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