Une minuscule parcelle répertoriée au cadastre, imbriquée entre une ruelle et des habitations, revêtue d’une enveloppe transparente, extension verticale des limites de la parcelle, hermétiquement close, inaccessible aux passants.
Paradoxe d’un espace presque vide qui s’impose parmi les habitations voisines jusqu’à leur faire concurrence.
Séduction d’un volume qu’on appréhende de l’extérieur dans toute sa globalité.
Au centre, plantation de fleurs cultivées qui, visuellement, s’imbriquent dans celles de la campagne environnante, mimétisme…
Comme pour parfaire l’illusion d’habitabilité, une ruche fonctionne à l’intérieur. Des abeilles ont transgressé l’état d’enfermement : elles entrent et sortent pour butiner ça et là sur l’ensemble du territoire floral de la commune, ignorantes des limites de la propriété légale ?
Du coup, cette minuscule propriété devient objet de convoitise, concentration spatiale des éléments d’un paradis : la nature, les fleurs, le miel, les abeilles ; bucolique en diable. Et voilà que l’on se prend à sortir mentalement du volume clos… tentés d’étendre son appropriation momentanée à un plus
vaste territoire…
Marie-Françoise Lallemant