Jean-Paul Thibeau a déterminé le déplacement, la transformation et la mutation permanente comme le process récurrent de toute son œuvre. Le projet Méta-archives n’échappe pas à ce dispositif. Au contraire, il l’amplifie, questionnant « les véritables différences entre œuvres et archives » ou encore la manière d’« inventer ce rapport aux archives sans en faire ni fétichisation, ni simple outil didactique – comment les manier de manière vivifiante ? ».
Les Méta-archives peuvent prendre de multiples formes : livres, carnets de notes, films, rencontres de personnes, re-visitation de scénario de performance ou de méta-activité, réactivation d’éléments antérieurs, gestes, installations… Un essaim de signes, de choses et de concepts en déplacement… Mais leur fonction et leur sens sont augmentés dans la mesure où des éléments de cet ensemble, voir l’ensemble entier peuvent être l’objet de combinatoires et de réactivations diverses… En ce sens elles peuvent subir des « déplacements » divers en fonction des lieux et des temps et sont donc effectivement des « méta-archives ».
Anne Cadenet
Le Méta-diaporama est constitué d’images et de textes partant de ce que Jean-Paul Thibeau nomme Tables de tri.
Quatre tables distinctes disposées dans son atelier à L’Isle-sur-la-Sorgue (Vaucluse) ont permis à l’artiste d’effectuer un premier tri de ses archives de 1969 à 2009. Cette hiérarchisation des textes, des carnets à dessins, des dessins sur de simples feuilles de papier kraft, de photographies, de scenarii de performances ou de cartes postales ramenées de ses voyages constituent pour l’artiste le premier mode opératoire pour distinguer ce qu’il nomme un agencement de signes, de formes, de gestes, d’attitudes, définissant une esthétique de l’existence. Le Méta-diaporama est une proposition de lecture et d’approche de cette étape. Un ensemble de documents scannés propose sous une forme distanciée et réinterprétée par leur association, leur combinaison, une lecture particulière que le rythme de défilement des images entrecoupées par les phrases de l’artiste rend singulier à ce projet.
Méta-archives I. Anarchives fragmentaires et énigmatiques, 2010-2011
Vues de l’exposition au Capc - musée d’art contemporain, Bordeaux
« De juillet 2008 à juillet 2010, dans son atelier à l’Isle-sur-la-Sorgue puis dans un atelier improvisé au musée, l’artiste se replonge dans des cartons et des cantines d’archives. Il imagine alors un projet qu’il nomme rapidement Méta-archives I. Il envisage de créer un dispositif qui propose un lien entre ses œuvres conservées au Capc-musée d’art contemporain, nos archives et les siennes. »
Extrait du texte de présentation édité par le Capc
Crédits photographiques : Frédéric Derval