[...] Si Ladislas Combeuil, dès sa sortie de l’Ecole des Beaux-Arts d’Angers en 2015, déconstruit de façon magistrale la peinture, ce n’est pas pour exhiber sa structure ou son inconscient comme l’aurait fait Supports-Surfaces mais plutôt dans l’idée de repérer, dans d’autres temps et d’autres champs, des volumes neutres qui prennent forme. La peinture devient ainsi en elle-même ce lieu qui se charge de l’apport du temps et qui, avec lui, se transforme, prend du relief et redéfinit un espace.
Vues de l’exposition La peinture comme lieu, Le Narcissio, Nice, 2020
Le fil conducteur de l’exposition sera donc bien, en creux, la peinture. Celle-ci disparaît pourtant dans le fil des volumes pensés autrefois par Dürer, puis par Giacometti et Tony Smith. Chacun d’eux s’inspire d’un objet poli, anguleux, indéfini et parfois en désaccord avec leur travail habituel. Ces œuvres demeurent des hypothèses comme hésitantes quant à la validité de ce que peinture ou sculpture pourraient définir.
Cette hésitation Ladislas Combeuil l’exprime par son contraire, dans la solidité des pièces exposées, les châssis qui s’imposent, l’envers des toiles nues en guise d’élaboration spatiale. Un dispositif qui aurait pu évoquer la fresque ou le bas-relief mais duquel surgit toujours d’autres mémoires comme si l’artiste traquait, au delà de la forme, de la couleur et de l’espace, l’essence même de la peinture et que celle-ci se localisait dans un ailleurs toujours renouvelé. [...]
Michel Gathier, « La peinture comme lieu », 2020 (extrait)
Crédits photographiques : Ladislas Combeuil
© Adagp, Paris