"L’art est un mensonge qui nous fait réaliser la vérité ..." {note}1
Le chemin parcouru ou le chemin parcouru depuis que ces mots ont été prononcés en 1923, bien avant les ordinateurs, les effets spéciaux et l’imagerie numérique, ainsi que les stratégies d’appropriation et tous ces objets fabriqués qui hantent leurs homologues tous les jours. Du trompe-l’œil au photo-réalisme, des rêveries du surréalisme au lit de balayage, peu de choses ont changé. L’art est toujours le reflet de ce que nous appelons la réalité, même si elle passe à travers différents filtres propres à leur époque. Chez nous, cette réflexion ne cherche pas tant à « tromper l’œil » qu’à mettre en avant l’acte même de regarder, tant de la part de l’artiste que du spectateur. Un miroir, qu’il s’agisse d’un miroir peint de Roy Lichtenstein ou d’un miroir Rorschach de Kelley Walker, devrait nous surprendre.
Un certain nombre de réflexions surgissent ...
Le film se termine-t-il parce que nous avons quitté le théâtre ? Ou est-ce à partir de là que nous commençons à voir cinématographiquement ? Lorsque Godard a proclamé que "le cinéma est la vérité à 24 images par seconde", il n’a pas approuvé la véracité du médium, mais nous a rappelé sa tromperie insistante. Laurie Parsons, qui a travaillé avec des objets trouvés non modifiés et dans des situations quotidiennes à la fin des années 1980, a proposé une fois : "La tromperie n’est-elle pas également réelle ?" Bien que la procession d’images qui déborde sur l’écran du cinéma soit finalement, comme Hiroshi Sugimoto nous l’a montré dans beaucoup de ses images, une accumulation de lumière, celle-ci n’est visible que sous forme d’image fixe. La photographie dé-limite-t-elle le monde en le cadrant encore et encore ? Ou alors que nous commençons à regarder au-delà du cadre, ne le faites pas t-on retrouver des choses vues tout autour de nous au quotidien ? Une fois que l’on a parcouru les photographies des formes d’art dans la nature de Karl Blossfeldt, par exemple, ces formes se révèlent dans l’environnement naturel aussi bien que bâti. Le paysage le plus fantastique peint par Charles Burchfield peut prétendre à une interprétation presque documentaire de l’étrangeté qu’une promenade à travers les bois occasionnera un jour donné. L’art, même dans - ou précisément à cause de - son artifice, nous oblige à concilier notre expérience des mondes que nous habitons, le monde de l’art étant un parmi tant d’autres. Le paysage le plus fantastique peint par Charles Burchfield peut prétendre à une interprétation presque documentaire de l’étrangeté qu’une promenade à travers les bois occasionnera un jour donné. L’art, même dans - ou précisément à cause de - son artifice, nous oblige à concilier notre expérience des mondes que nous habitons, le monde de l’art étant un parmi tant d’autres. Le paysage le plus fantastique peint par Charles Burchfield peut prétendre à une interprétation presque documentaire de l’étrangeté qu’une promenade à travers les bois occasionnera un jour donné. L’art, même dans - ou précisément à cause de - son artifice, nous oblige à concilier notre expérience des mondes que nous habitons, le monde de l’art étant un parmi tant d’autres.
1969 ... 1989 ... 2009
Dans l’ensemble des circonstances que nous appelons l’art, il y a des retours à intervalles réguliers qui semblent presque aussi prévisibles que la marée. Mais le fait que l’art de notre temps nous permette de regarder en arrière et de comprendre ce qui a précédé n’est qu’un phénomène assez récent. Pourquoi, par exemple, l’année 1969 est-elle importante pour tant de conservateurs, en particulier ceux qui ne sont pas encore nés à la fin des années 60 ? Mis à part son éthique romantique - remplie de drogues qui élargissent l’esprit, les notions de soi-disant révolution et la bande sonore qui l’accompagne (sans oublier qu’Iggy Pop a fait référence à 1969 comme "une autre année pour moi et vous / une autre année avec nuthin ’to do" ) - la période résonne en partie à cause de certaines œuvres qui sont apparues en 1989 et autour de 1989. Vingt ans après que les artistes se soient engagés dans le processus, les matériaux, la performance, les approches conceptuelles, et embrassé l’art comme son propre sujet légitime, nous avons de nouveau été témoins de méthodes de travail moins traditionnelles, ainsi que de façons de voir, d’attitudes et de sensibilités qui avaient beaucoup en commun avec celles rencontrées auparavant. (Ce repère historique, il convient de le noter, ne peut pas être reculé de manière réaliste. Il serait ridicule, par exemple, de considérer l’art de 1969 par rapport à l’art de 1949.) Et c’est donc ces dernières années que l’on a pu voir une grande partie de ce qui était fait, au moins l’art qui semble digne de notre attention, comme reflétant le travail plus aventureux de la fin des années 80, qui lui-même reflétait l’art avancé de la fin des années 60, aux attitudes et sensibilités qui avaient beaucoup en commun avec celles rencontrées précédemment. (Ce repère historique, il convient de le noter, ne peut pas être reculé de manière réaliste. Il serait ridicule, par exemple, de considérer l’art de 1969 par rapport à l’art de 1949.) Et c’est donc ces dernières années que l’on a pu voir une grande partie de ce qui était fait, au moins l’art qui semble digne de notre attention, comme reflétant le travail plus aventureux de la fin des années 80, qui lui-même reflétait l’art avancé de la fin des années 60. aux attitudes et sensibilités qui avaient beaucoup en commun avec celles rencontrées précédemment. (Ce repère historique, il convient de le noter, ne peut pas être reculé de manière réaliste. Il serait ridicule, par exemple, de considérer l’art de 1969 par rapport à l’art de 1949.) Et c’est donc ces dernières années que l’on a pu voir une grande partie de ce qui était fait, au moins l’art qui semble digne de notre attention, comme reflétant le travail plus aventureux de la fin des années 80, qui lui-même reflétait l’art avancé de la fin des années 60.
Chaque liste étant incomplète, et étant entendu que certains chiffres apparaissent avant ou réapparaissent bien après coup, certains continuent simplement à fonctionner, tandis que d’autres disparaissent complètement ...
1969 Vito Acconci, Art & Language, John Baldessari, Robert Barry, Alighiero Boetti, Marcel Broodthaers, Hanne Darboven, Terry Fox, Daan van Golden, Dan Graham, David Hammons, Eva Hesse, Stephen Kaltenbach, On Kawara, Yayoi Kusama, Barry Le Va, Sol LeWitt, Lee Lozano, Gordon-Matta-Clark, Bruce Nauman, Helio Oiticica, Palerme, Panamarenko, Adrian Piper, Yvonne Rainer, Allen Ruppersberg, Paul Sharits, Robert Smithson, Paul Thek, Richard Tuttle ...
1989 Maurizio Cattelan, Jessica Diamond, Mark Dion, Gretchen Faust, Fischli & Weiss, Robert Gober, Felix Gonzalez-Torres, Renee Green, Mike Kelley, Jutta Koether, Michael Krebber, Cady Noland, Gabriel Orozco, Steven Parrino, Laurie Parsons, Readymades Appartiennent à tous, Sam Samore, Peter Santino, Nancy Shaver, Mark Stahl, Rudolf Stingel, Rosemarie Trockel, Meg Webster, Christopher Williams, Jeff Wisniewski, Christopher Wool, B Wurtz ...
2009 David Adamo, Richard Aldrich, Ei Arakawa, Tauba Auerbach, Fia Backstrom, Darren Bader, Walead Beshty, Huma Bhabha, Carol Bove, Anne Collier, Trisha Donnelly, Wade Guyton, Alex Hubbard, Nathan Hylden, Sergej Jensen, Jacob Kassay, Klara Liden, David Malek, Justin Matherly, Wangechi Mutu, Ernesto Neto, Peter Peri, RH Quaytman, David Ratcliff, Gedi Sibony, Josh Smith, Francis Stark, Josh Tonsfeldt, Kelley Walker, Richard Wright ...
"Le Faux Miroir"rassemble huit artistes dont les œuvres engagent l’art et la perception de manières qui peuvent être reliées dans le temps, et pourtant les leurs sont beaucoup des produits de notre temps, imprégnés de pensée et d’émotion propres à chacun d’eux. Malgré l’éloignement avec lequel ces œuvres peuvent sembler refléter le monde, elles proviennent des circonstances propres à la vie des artistes. (Les objets dans le miroir sont toujours plus proches qu’ils ne paraissent.) Ces artistes peuvent ne pas être conscients ni particulièrement concernés par un "retour" à une sensibilité qui nous rappelle ce qui a précédé ; cette vision de notre période actuelle, avec le recul, nous appartient de l’extérieur, pas nécessairement la leur. Ce que ces artistes ont en commun, c’est qu’ils réalisent simplement les œuvres qu’ils souhaitent voir à un moment donné. Bien que nous ne puissions pas saisir pleinement l’art qui « s se fait aujourd’hui, ou d’ailleurs dans n’importe quelle période pendant que nous le traversons, peut-être que nous aurons vingt ans plus tard. Et cela devrait être assez tôt.
Communiqué sur l’exposition Faux Miroir, Rodolphe Janssen Gallery, Bruxelles (B), 2010.
1Dans « Picasso Speaks », The Arts, New York, mai 1923, Marius de Zayas, éd., Une citation récemment trouvée dans le jeu de mots croisés publié dans le New York Times du vendredi 5 mars 2010, p. C 14.