Les villes investissent beaucoup de temps et d’argent dans la conservation de leur patrimoine. Santander n’échappe pas à la règle, et attache une importance toute particulière au peu qu’il reste de son centre historique car 80% de la ville ont été détruits lors d’un incendie en 1941. La Casa de Piedra est située dans cette zone protégée : elle date du XIXème siècle et ses quatre façades donnent sur la rue. Sa rénovation est une tâche complexe et délicate car il a fallu évider l’édifice sans compromettre ses façades ; un savant système d’étayage a donc été installé ; il se devine à peine de l’extérieur.
A l’intérieur, entre les piliers de soutènement, les ouvriers extraient la terre, dirigent la grue, coulent du béton : ils agencent la matière.
Notre système économique rémunère mal le travail de ceux qui soutiennent l’architecture avec leurs mains. Il occulte les activités d’entretien. Il donne de la valeur aux activités de développement. Ce déséquilibre qui existe entre l’intellectuel et le manuel nous renvoie à la figure mythologique d’Atlas et à sa condamnation : porter sur ses épaules les piliers qui maintiennent les cieux séparés de la terre. À son tour, l’architecture s’est approprié la métaphore en incluant l’atlante dans son répertoire technique : cette statue qui, comme une colonne, soutient une corniche ou un entablement.
Céline Domengie