Le présentateur : Bienvenu dans notre émission ! Nous allons parler d’éducation. Aujourd’hui nous recevons Élisabeth Cimetière qui publie « La déchéance », Brad Hamilton dont le dernier livre s’intitule « Cultivons la permaculture à l’école », et Morgane Omar qui vient d’écrire « Le vrai métier » ! Bonjour à tous les trois !
Eux, d’une seule et même voix : Bonjour !
Le présentateur : Élisabeth on commence par vous. Qu’est-ce qui vous met le plus en colère ?
Élisabeth : L’abaissement généralisé de l’école française. Cette école est devenue la salade composée premier prix de toute une génération. Les activités périscolaires s’entassent, nuisent à l’enseignement ! C’est comme si on mélangeait des "Chocapics" avec des nouilles. L’école primaire doit retrouver ses fondamentaux : apprendre à lire, écrire, compter. Quitte à me faire taxer de réactionnaire j’assumerai mes propos jusqu’au bout. Nous devons...
Morgane : Vous dîtes : « L’école doit retrouver ses fondamentaux ! » C’est du déjà vu madame Cimetière !
Élisabeth : Si vous pouviez me laisser finir ce serait sympathique ! Je reprends : il faut donc moderniser la méthode syllabique pour l’apprentissage de la lecture : mettons les lettres en couleur, faisons chanter les enfants.
Brad : Des couleurs ! C’est tout ce que vous proposez ?!
Élisabeth : Monsieur Hamilton vous réduisez mon raisonnement ! Tout le monde doit comprendre que c’est à l’école que tout se joue pour la compréhension des textes en général et donc du monde. C’est avec une méthode syllabique revisitée que nos enfants apprendront de nouveau à savoir lire. L’école de la république a privilégié l’écrit sur la parole. Aujourd’hui les choses commencent à évoluer avec la réforme Blanquer sur le baccalauréat : un grand oral de 30 minutes qui compterait pour 40 % cumulé aux autres épreuves !
Morgane : 60 % madame Cimetière, et 40 % pour le contrôle continu !
Élisabeth : 60% si vous voulez ! Dans tous les cas c’est un premier pas ! Mais pour l’instant les élèves restent démunis. On voit ce que ça donne pendant les entretiens d’embauche : c’est une catastrophe !
Le présentateur : Bien. Brad Hamilton, qu’en pensez-vous ?
Brad : Les activités périscolaires permettent aux enfants de se découvrir, de se connaître. L’école doit les éveiller à toutes les questions de société : l’ égalité homme/femme, l’environnement, par exemple. L’école ça doit servir à ça ! J’en ai assez d’entendre : « Le savoir théorique de l’école a été perdu ». La société a changé. L’école demande de la bienveillance, de la pratique, de l’échange, de la collaboration, c’est tout !
Élisabeth : Je suis d’accord avec vous sur la bienveillance ! Vous parlez ensuite de la collaboration entre les élèves : très bien ! Pour qu’ils puissent le faire les élèves doivent savoir parler ! Et pardonnez-moi d’avoir à vous le dire mais le vocabulaire d’un enfant d’aujourd’hui est très faible par rapport à celui d’un enfant du passé !
Brad : Faible ! Les enfants réinventent la langue en s’écrivant des textos !
Élisabeth : Vous appelez ça réinventer la langue ?!
Brad : Exactement ! Ils trouvent des choses en réduisant leur phrases pour échanger plus rapidement ! Vous critiquez les activités périscolaires depuis tout à l’heure ! Savez-vous que dans le collège où j’interviens on organise un atelier philo. Et la philo ça sert à quoi : à s’exprimer oralement, BAM ! Alors revoyez vos arguments !
Élisabeth : Si vous pensez une seule seconde que c’est avec deux heures de philo par semaine qu’on apprend à parler, vous vous trompez ! Et d’autre part, je connais des tas d’enfants qui prennent plaisir à lire, à écrire, et quand je parle de lire et écrire je parle des vrais livres, pas des sms bâclés qu’on vient nous vanter dans les médias pour dire « Ah, vous voyez, les jeunes ont des idées ! »
Le présentateur : Brad Hamilton, expliquez-nous : qu’entendez-vous par permaculture ?
Brad : Élever des enfants c’est faire pousser des épis !
Morgane : Ah ! Quelle imagination ! Encore en lieu commun !
Brad : L’agriculture intensive est morte madame Omar ! Pourquoi me direz-vous ?
Parce ce qu’elle est néfaste pour tout le monde ! Si l’école fait la même erreur que l’agriculture de masse, les élèves iront tous au casse-pipe ! Si on veut récolter des épis sains, alors proposons un enseignement diversifié ! Dans la permaculture c’est pareil, on diversifie.
Le présentateur : Morgane Omar, on termine par vous.
Morgane : Écoutez, tout ce que je viens d’entendre, c’est du déjà vu. Ce que je propose, moi, c’est de supprimer toutes les matières.
Le présentateur : Oui mais dans quel but, que nos téléspectateurs comprennent ?
Morgane : J’y viens, laissez-moi terminer. Donc on supprime tous les enseignements, et on les remplace par l’apprentissage d’un métier, comme le font déjà certains lycées.
Élisabeth : Comment voulez-vous qu’un enfant puisse se débrouiller dans une entreprise sans savoir lire, ni écrire, ni compter ! Expliquez-moi madame Omar, parce que franchement, quand j’entends des conneries pareilles, j’ai envie de me tirer une balle !
Morgane : Tous les gosses de six ans ont un rêve madame Cimetière ! Si vous les écoutez parler, tous vous diront « Je veux devenir ingénieur, hôtesse de l’air, chanteur ! », pour vous donner un exemple. Ce qui casse les enfants c’est l’école. Quand vous leur demandez plus tard ce qu’il veulent faire, ils vous disent « Aucune idée ». Ce à quoi vous leur répondez « Tu as le temps mais décide toi quand même ». Le temps passe, ils choisissent un secteur par défaut, ou par convenance, pour faire plaisir à leurs parents, ce qui explique que certaines filières soient bouchées, et d’autres laissées à l’abandon. Ils font donc leur études et c’est la case chômage ! Ça j’en ai ras-le-bol ! Si on s’y prenait à l’âge de six ans, on verrait, que chaque enfant veut un métier différent, car chaque rêve est unique ! Fini les voix de garage, fini les filières d’excellence, qui sont sources d’inégalité ! Quand on suit son rêve on a un vrai métier.
Je luterai contre l’idéologie actuelle qui consiste à penser que quelles que soient nos études, nous devrons changer de travail comme on change de chemise.
Cette idéologie vise uniquement à satisfaire la conjoncture économique à court terme. Choisir son métier, c’est choisir l’homme ou la femme de sa vie !
Le présentateur : Je vous remercie. Vous êtes en désaccord tous les trois, on l’a compris ! Chacun se fera son idée ! Merci de nous avoir suivis sur « Haute tension » ! Tout de suite la météo !
Texte de la performance.