Sans ambages l’artiste a jeté son dévolu sur la pulsation la plus profonde de toute religion : la mort. La disparition. Avec délicatesse, ici. Avec noblesse. Des gisants. Deux. Comme on en trouve dans et autour des lieux de culte. Gisants contemporains, « ready made », gravés dans des plaques de plexiglas. Charmants vêtements à la ligne claire, rappelant ces planches cartonnées avec modèles prédécoupés qui permettaient aux petites filles d’habiller à l’envi des mannequins de papier en deux dimensions. Vêtements sur cintre. Et le même vêtement mis en abîme. Un vertige tranquille, les strates symbole du temps, que l’artiste a déjà développé dans maintes œuvres. L’énigme éclatante, dont la clé saute à l’esprit sans attendre : les corps manquent. Disparus. À venir. Gisants désincarnés, comme le sont régulièrement les modèles mis en scène par Ghislaine Portalis. [...]
Trois tombeaux jouxtent les deux chapelles squelettiques, mais si propres. Rien de plus contradictoire et à la fois évident : les tombeaux sont des sculptures de terre, de gazon, et de buis ; et chacun différent. L’éphémère là où de coutume le visiteur croise la pierre, le marbre, le béton.
Jean-Mars Barroso
Extrait du texte de l’exposition Jumièges à ciel ouvert, 2016
Dessins préparatoires
Crédits photographiques : Grégoire Vieille (Jumièges à ciel ouvert) et Ghislaine Portalis (vues d’atelier)
© Adagp, Paris