Dum-dum

Dum-dum, 2011
Contreplaqué, acrylique, 460 x 430 x 12 cm
 
Vue de l’exposition « Phénomènes », Chez Néon, Lyon
Commissariat In Extenso

 

Dum-dum est à la fois un mur et une œuvre. Un mur en tant que surface verticale marquant la limite de la pièce ; blanc de surcroît, comme sont blancs les autres murs de la pièce. L’œuvre (peinte de la même couleur que le mur, comme dirait Claude Rutault) semble résulter d’une poussée de la paroi aboutissant, dans une énergie idéale autant que virtuelle, à une double incise formant motif cruciforme et dont le point d’intersection se trouve en surplomb du regardeur qui, de ce fait, doit lever les yeux, se soumettant ainsi à une logique architecturale plus que strictement sculpturale. Cette poussée du mur, c’est, une fois enregistré les retournements opérés par Malevitch puis par Fontana, l’exact contraire de la sensation perspective. L’incise et la croix. une forme archétypale fondée sur un geste aussi sec que violent : une opération. On ne pourra plus désormais, s’agissant d’appréhender une œuvre de Pierre Labat, séparer le souci de la forme d’une prise en compte très engagée du corps humain et de son expérience. C’est dans ce sens qu’il convient d’aborder les deux pièces conçues dans le cadre de l’exposition Armer les toboggans, en voisinage actif avec des œuvres de Robert Breer et de Camila Oliveira Fairclough.

Jean-Marc Huitorel, « Un sculpteur du 21e siècle », 2012 (extrait)

 

 

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