Vues de l’exposition, L’assaut de la menuiserie, Saint-Etienne, 2018
Comment supporter le désespoir de notre vie quotidienne morne et aliénée ? La réponse traditionnelle à cette question a longtemps demeuré : le fantasme. Cependant, on s’est chargé de fantasmer à notre place. Un certain projet moderne entendait réenchanter nos vies, replacer l’art dans la vie, nous esthétiser, ou encore peindre en mille couleurs l’air du vent. Il s’est agi de couvrir les grands ensembles en jaune ou en saumon, d’agrémenter nos flâneries de mobiliers urbains artistiques ou design, d’ériger des trous de verdure (naturels ou non) ou même - pourquoi pas - des menhirs. En somme, ces efforts bien intentionnés pour nous offrir un support fantasmatique nous font vivre dans le rêve d’un autre, ce qui est - comme l’a dit Deleuze - la définition même du cauchemar.
C’est ce cauchemar qui intéresse Camille Beauplan. Ses tableaux sont des pièges qui saisissent cette réalité grimaçante et ridicule. [...]
Frédéric Montfort, « Is it future or is it pas ? », David Lynch, 2018 (extrait)
Crédits photographiques : Cyrille Cauvet